AIX-EN-PROVENCE (Reuters) - Le cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a confirmé vendredi la condamnation à deux ans d’emprisonnement avec sursis des époux Le Guennec, soupçonnés d'avoir recelé 271 œuvres de Pablo Picasso dans leur garage durant près de 40 ans.
"Il n’y a plus qu’à payer, cela ne sera pas facile”, a déclaré Pierre Le Guennec à la sortie du tribunal.
La cour a suivi les réquisitions de l’avocat général qui avait réclamé à l’audience une "large confirmation" du jugement de première instance, en 2015, quand les époux Le Guennec avaient été condamnés à deux ans d'emprisonnement avec sursis et à la restitution des oeuvres à Claude Picasso, le fils du peintre, en sa qualité d'administrateur de la Fondation Picasso.
"Il s’agit pour la plupart d’entre elles d’œuvres de très grande valeur", avait rappelé le ministère public, estimant entre 60 et 100 millions d’euros la valeur globale des 271 pièces.
Pierre Le Guennec avait affirmé que Jacqueline Picasso lui avait fait don des œuvres. La dernière épouse du peintre serait, selon lui, entrée en conflit avec son beau-fils Claude après le décès de l’artiste en 1973, ouvrant la voie d'une succession tumultueuse.
“Cette décision est une conclusion satisfaisante à six années de procédures et à des centaines de pages de documents”, a dit Jean-Jacques Neuer, l’avocat de Claude Picasso.
“On a une manipulation sur le marché de l’art avec des oeuvres qui, après avoir été stockées pendant 40 ans, ressortent sans une tache et dans un état de conservation exceptionnel”, a-t-il ajouté, précisant que la condamnation des époux Le Guennec n’était que la “partie émergée de l’iceberg” de l’affaire.
Pierre Le Guennec, 77 ans, a travaillé comme électricien de 1970 à 1973 dans la villa du couple Picasso à Mougins, près de Cannes.
Le couple Le Guennec a toujours déclaré ne pas avoir touché le carton jusqu'en 2009-2010, lorsqu'il a décidé de contacter les héritiers de Picasso afin de faire authentifier les 180 œuvres et le carnet contenant 91 dessins.
Les héritiers du maître ont certifié qu'il s'agissait d'oeuvres originales réalisées entre 1900 et 1932, n'ayant jamais été inventoriées au moment du décès de l'artiste en 1973.
Leurs avocats ont rappelé que Pablo Picasso avait pour habitude de dédicacer et de signer les oeuvres qu'il offrait, soulignant encore qu'il ne faisait jamais don d'une telle quantité d'oeuvres.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Sophie Louet)