France, Italie et Allemagne ont campé, mercredi à Milan lors d'une conférence européenne sur l'emploi, sur leurs positions antagonistes en matière de discipline budgétaire et promis avec leurs homologues européens de muscler la lutte contre le chômage des jeunes.
Sous pression depuis plusieurs jours du fait des dépassements budgétaires de la France, François Hollande a affirmé devant la presse qu'il avait été question à Milan "d'emploi, de croissance, pas de budget, même si les budgets peuvent avoir un effet sur la croissance". Le sujet, a-t-il rappelé, sera sur la table du prochain conseil européen, prévu les 23 et 24 octobre à Bruxelles, pour un nouveau sommet qui s'annonce d'ores et déjà houleux.
En attendant, face à la chancelière allemande Angela Merkel, partisane farouche de l'orthodoxie budgétaire, il a tenu à souligner que la France ferait "en sorte de respecter ses engagements et d'utiliser toutes les flexibilités prévues", quant à son budget pour 2015, menacé de rejet par la Commission européenne.
Le Président du conseil italien Matteo Renzi, à l'origine de ce mini-sommet sur l'emploi, s'est efforcé de son côté d'apparaître comme le bon élève de la classe. Il est "juste" que l'Italie, qui a un problème de "crédibilité", se conforme à la règle des 3% de déficit public par rapport au Produit intérieur brut (PIB), a-t-il affirmé, précisant au passage que ce sera même 2,9% dans le futur budget italien, bien que cette règle budgétaire ait été "conçue dans un autre monde".
De quoi contenter la chancelière allemande qui a dit croire "que dans ces deux pays, des réformes sérieuses vont être menées", et qui a s'est dit "tout à fait confiante dans le fait que chacun sera conscient de ses responsabilités".
Dès son arrivée dans la capitale lombarde, le président français avait pourtant plaidé en faveur d'une pause dans les politiques d'austérité, accusées d'aggraver la crise en Europe.
"Il faut ajuster le rythme des politiques budgétaires par rapport à l'enjeu de la croissance. Aujourd'hui, c'est elle qui est menacée et donc c'est vers elle qu'il faut tous se tourner parce que nous sommes tous concernés", avait déclaré M. Hollande.
Le débat sur la poursuite de l'austérité en Europe se fait de plus en plus vif au fur et à mesure que ses indicateurs économiques se dégradent. Le moteur économique allemand connaît à son tour des ratés avec un recul sans précédent depuis cinq ans de la production industrielle.
- "Aller jusqu'à 20 milliards" -
Hôte de la réunion, Matteo Renzi a certes plaidé pour des changements de politique économique, mais il a surtout profité de la conférence de presse commune aux côtés de la chancelière allemande, du président français, du président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso et du président du Conseil européen Herman Van Rompuy pour redire que l'Italie "ferait les réformes", promises car "elle a besoin de changer". Il a ainsi précisé que le "Jobs Act", une loi sur la réforme du marché du travail, serait adopté en soirée via un vote de confiance au Sénat, engrangeant les félicitations de Mme merkel et des responsables de l'UE.
Différents dispositifs censés favoriser l'emploi des jeunes ont été examinés lors de la conférence, dont une enveloppe de 6 milliards d'euros débloqués par Bruxelles sur deux ans (2014-2015).
Ces fonds doivent servir à mettre en place "une garantie pour la jeunesse", adoptée en avril 2013, et fixant comme règle qu'aucun jeune de moins de 25 ans ne reste plus de quatre mois sans proposition (emploi, formation, stage) à la fin de sa scolarité ou en cas de perte d'emploi.
François Hollande, après avoir demandé plus tôt "20 milliards d'euros" et appelé à "simplifier les procédures", a finalement reconnu qu'il valait mieux d'ici là que "les fonds qui ont été dégagés soient consommés".
Une concession à la chancelière allemande pour qui, "à l'heure actuelle, la question n'est pas que l'argent ne suffit pas: la question est qu'il doit circuler".