KIEV/MOSCOU (Reuters) - La Russie a rejeté lundi sur Kiev la responsabilité de la récente intensification des combats dans l'est et le sud-est de l'Ukraine et qualifié les menaces de nouvelles sanctions occidentales de chantage "absolument destructeur".
Les séparatistes pro-russes, soutenus par l'armée russe selon l'Otan, ont lancé ce week-end une offensive contre Marioupol, une ville d'un demi-million d'habitants sur la mer d'Azov, entre la frontière russe et la Crimée.
Au moins 30 personnes ont trouvé la mort samedi dans un bombardement qui a visé la cité portuaire, selon l'administration régionale.
Sept soldats ukrainiens ont également péri au cours des dernières 24 heures, a rapporté lundi l'armée de Kiev, faisant état de violents combats autour de la ville de Debaltseve, située entre Donetsk et Louhansk et attaquée par les rebelles.
Face à cette nouvelle escalade, la plus grave depuis la signature d'un cessez-le-feu en septembre, Barack Obama a averti dimanche que les Etats-Unis allaient réfléchir avec leurs partenaires européens à de nouveaux moyens, autres que militaires, pour faire barrage à l'implication de Moscou dans le conflit.
A la demande de Kiev, les ambassadeurs de l'Ukraine et des 28 pays membres de l'Alliance atlantique se réuniront dans la journée à Bruxelles pour faire le point sur la situation. La dernière réunion de la commission Otan-Ukraine avait eu lieu en août.
Alors que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront en urgence jeudi à Bruxelles, le président polonais Bronislaw Komorowski a exhorté l'Union européenne à envisager un durcissement des sanctions.
"La riposte du monde occidental doit être très ferme", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
L'ALLEMAGNE PRUDENTE
L'Allemagne s'est montrée plus prudente, son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier relevant que personne en Europe n'était prêt à tout pour imposer un nouveau train de sanctions.
Il a toutefois ajouté qu'une offensive des séparatistes contre Marioupol changerait significativement la donne et que l'Europe se devrait de réagir.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a nié une nouvelle fois toute participation de la Russie dans les affrontements.
"Au lieu d'accentuer la pression sur ceux qui refusent d'engager le dialogue pour résoudre ce conflit pacifiquement, nous entendons à nouveau parler de chantage économique contre la Russie", a-t-il dit, cité par l'agence RIA.
"La Russie n'a jamais accepté ce genre de menaces et de chantage qui n'ont jamais conduit à rien", a-t-il dit, parlant d'une approche "absolument destructrice, injustifiée et au final à courte vue".
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les rebelles étaient passés à l'offensive pour "éliminer les positions d'où les forces armées ukrainiennes ont bombardé à l'artillerie lourde des zones peuplées".
"Nous observons des tentatives visant à faire dérailler le processus de paix et des tentatives menées encore et encore par la direction de Kiev pour résoudre le problème par un recours à la force afin d'étouffer le sud-est (ukrainien)", a ajouté Sergueï Lavrov.
"Ces tentatives ne mèneront nulle part", a-t-il poursuivi, appelant "nos partenaires occidentaux à ne rien faire qui puisse donner l'impression aux autorités de Kiev que toutes leurs actions auront automatiquement le soutien de l'Ouest".
(Natalia Zinets à Kiev et Gabriela Baczynska à Moscou; Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)