par Jessie Pang et Donny Kwok
HONG KONG (Reuters) - Des batailles de rue ont éclaté mardi à Hong Kong entre manifestants armés de cocktails Molotov et forces de l'ordre, qui ont tiré à balle réelle sur un jeune contestataire, au moment où étaient organisées à Pékin des festivités pour les 70 ans de la fondation de la République populaire de Chine.
C'est la première fois en près de quatre mois de contestation qu'un manifestant est visé par un tir à balle réelle. Il a été blessé à l'épaule, a dit la police, mais on ignore précisément quel est son état.
Des images de cet incident, authentifiées et largement relayées sur les réseaux sociaux, montre une mêlée chaotique de policiers anti-émeutes affrontant des manifestants armés de barres de fer, avant qu'un agent n'ouvre le feu à bout portant.
Ces affrontements, les plus étendus depuis le début du mouvement de contestation, se sont répandus du quartier aisé de Causeway Bay au secteur de l'Amirauté, qui abrite les organes du pouvoir sur l'île même de Hong Kong.
Des milliers de contestataires vêtus de noir, certains masqués, ont marché en direction de l'Amirauté malgré l'interdiction de manifester à cet endroit. Les heurts se sont propagés du port vers la zone de Kowloon, sur le continent, et au-delà vers les Nouveaux Territoires à la périphérie.
La police a fait état de 31 blessés, dont deux graves, dans l'ensemble de la ville, sans plus de détails.
Alors que Xi Jinping s'efforçait à Pékin de présenter la Chine en puissance sûre de sa force avec un défilé militaire savamment orchestré, ces violences, et plus généralement la contestation née en juin, constituent un défi sans précédent pour le président chinois depuis son arrivée au pouvoir en 2012.
Le mouvement, parti du rejet d'un projet de loi d'extradition vers la Chine continentale abandonné depuis, porte désormais sur le respect des principes démocratiques à Hong Kong et la dénonciation d'une influence excessive de Pékin.
La Chine rejette ces accusations et accuse des pays étrangers, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d'alimenter un sentiment anti-chinois à Hong Kong.
"Je ne suis pas jeune mais si nous ne manifestons pas maintenant, nous n'aurons plus jamais l'occasion de nous exprimer à nouveau, c'est aussi simple que ça", a dit une manifestante âgée de 42 ans près de Causeway Bay.
Des bombes incendiaires ont été lancées contre des stations de métro, dont beaucoup étaient fermées pour compliquer les déplacements des manifestants. Des banques chinoises et des entreprises soutenues par des investisseurs chinois ont aussi été la cible de cocktails Molotov et de graffitis hostiles.
Lors d'une cérémonie officielle à Hong Kong, dont les accès avaient été bouclés par les forces de l'ordre, Matthew Cheung, secrétaire général de l'administration de la ville, a déclaré que Hong Kong avait bénéficié du soutien de la Chine dans le cadre du principe "un pays, deux systèmes" consécutif à la rétrocession du territoire par la Grande-Bretagne en 1997.
Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif, se trouvait pour sa part à Pékin. Elle devait regagner Hong Kong mardi.
(Avec Sharon Tam, Poppy McPherson, Anne Marie Roantree, Farah Master, James Pomfret, Twinnie Siu, Alun John, David Kirton, Jennifer Hughes et Keith Zhai; Jean Terzian et Bertrand Boucey pour le service français, édité par)