CARACAS (Reuters) - Un tribunal arbitral international a condamné jeudi le Venezuela à verser 1,6 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) à la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil en guise de compensation après la nationalisation de certains de ses projets dans le pays en 2007.
Le montant accordé par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdri), une juridiction de la Banque mondiale, est bien inférieur aux 10 milliards de dollars qu'Exxon réclamait à l'origine.
Une source proche de la compagnie vénézuélienne PDVSA a indiqué que la somme accordée était "gérable" et ne serait pas contestée par Caracas, d'autant qu'elle devrait être ramenée à environ un milliard de dollars en tenant compte d'un précédent arbitrage de la Chambre de commerce internationale, basée à Paris, qui avait accordé 908 millions de dollars à Exxon.
"C'est une victoire, sans aucun doute", a ajouté cette source, en précisant que l'argent serait probablement débloqué dès novembre.
Exxon de son côté a publié un bref communiqué expliquant que la décision du tribunal d'arbitrage justifiait son point de vue selon lequel il n'avait pas été suffisamment dédommagé à l'époque.
"La partie la plus importante de la décision est que le tribunal d'arbitrage rejette la nature supposément 'illégale' de l'expropriation", relève Carlos Bellorin, analyste chez IHS, ce qui signifie que la compensation ne reflète que la valeur des actifs, et non un quelconque préjudice.
"C'est en fait la méthode de calcul utilisée par le Venezuela qui est en cause", ajoute-t-il.
Les projets d'Exxon, en substance les champs de Cerro Negro et La Ceiba, avaient été nationalisés sous la présidence d'Hugo Chavez, depuis décédé.
Les nationalisations avaient concerné d'autres secteurs, comme l'acier et l'électricité, qui se soldent aujourd'hui par une vingtaine de litiges à régler par des tribunaux arbitraux.
La demande de dommages la plus importante émane d'une autre compagnie pétrolière américaine, ConocoPhilips, qui réclame 30 milliards de dollars.
Pavel Molchanov, analyste chez Raymond James, est plus circonspect sur l'attitude de Caracas. "Le gouvernement de (Nicola) Maduro est moins hostile envers l'investissement étranger que celui de Chavez, mais il l'est quand même et je doute qu'Exxon reçoive comme cela un chèque de 1,6 milliard de dollars du Trésor vénézuélien", commente-t-il.
(Alexandre Ulmer et Corina Pons, Véronique Tison pour le service français)