L’élection de Donald Trump ne remet pas en cause la direction de la politique monétaire américaine. La Fed a une fenêtre d’opportunité allant jusqu’à février 2018, date de la fin du mandat de Janet Yellen, pour poursuivre la remontée des taux. Son remplacement avant cette échéance n’a aucune chance de se produire. Du point de vue juridique, deux dispositions pourraient être invoquées par le président. En effet, il est prévu que les membres du FOMC peuvent être renvoyés par le président pour faute grave. Cependant, bien que ce terme juridique reste soumis à interprétation, rien ne permet de considérer que Janet Yellen ait commis une telle faute. L’autre levier que pourrait actionner Donald Trump serait de la maintenir en place mais de réduire sa marge de manœuvre. Pour cela, il faut modifier les statuts de la banque centrale en obtenant une majorité simple au Congrès à laquelle s’ajoute la signature présidentielle. Néanmoins, il est peu probable qu’une telle opération obtienne le soutien du Parti Républicain. Dans ces conditions, le processus de normalisation de la politique monétaire ne devrait pas être perturbé par l’alternance politique à Washington. La hausse des taux en décembre (qui pourrait atteindre au maximum 25 points de base) pourrait être un non-évènement car elle a déjà été intégrée dans les prix du marché, en particulier au niveau du Dollar Index qui a grimpé de près de 4% depuis novembre. Toutes les données (notamment la règle de Taylor et les anticipations des investisseurs) confirment que la Fed va relever la cible de taux des Fed Funds lors de sa prochaine réunion. La règle de Taylor (qui n’est jamais parfaitement respectée par la Fed) nous permet même d’anticiper que le taux directeur de la banque centrale en moyenne pondérée devrait se situer légèrement au-dessus de 2% à la fin du mandat de Janet Yellen.
Les derniers faits marquants :
La baisse de l’euro face au dollar se poursuit puisque la paire évoluait hier autour du niveau de 1,0538 qui correspond à un niveau technique clé atteint en décembre dernier. Prochaine étape si le mouvement se poursuit à 1,0456 (point bas de mars 2015).
Par ailleurs, le Dollar index a franchi un niveau de Fibonacci important à 101,79 ce qui permet d’anticiper une extension de la hausse, au moins à court et moyen terme, sous l’effet de l’intégration dans les cours de la prochaine hausse des taux de la Fed.
Enfin, les attentes d’inflation ont significativement augmenté ces dernières semaines. Le marché prévoit que la politique fiscale expansionniste, le protectionnisme commercial et les barrières à l’immigration souhaités par le président élu Donald Trump vont pousser fortement à la hausse l’inflation au cours de son mandat. Le point mort d’inflation pour les Etats-Unis a beaucoup progressé pour atteindre 1,97% à 3 ans et 2% à 5 ans. Les forwards d’inflation à cinq ans confirment cette tendance puisqu’ils ont augmenté de 2,14% début novembre à 2,46% actuellement.
A suivre aujourd'hui :
Les volumes échangés seront en baisse aujourd’hui du fait du jour férié aux Etats-Unis.
Les principaux indicateurs macroéconomiques seront concentrés en Europe avec la confiance des consommateurs Gfk en Allemagne (pour décembre) et, surtout, l’indice IFO qui est annoncé par le consensus stable à 115 en novembre (composante « situation actuelle »). On notera une baisse prévue de la composante « perspectives des entreprises » à 106,0 contre 106,1 précédemment.