Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Nous venons de vivre la fin d’année boursière la plus éblouissante depuis vingt ans.
Il reste 24 heures pour la « boucler » et dissiper l’ultime suspense qui vaille encore de surveiller ses écrans : le S&P500 va-t-il battre son record de 1997, année durant laquelle il s’était adjugé 32,4% ?
L’indice élargi américain paraît bien parti, lui qui vient d’aligner 9 records en 11 séances et 10 clôtures positives sur une série de 12. Il a par ailleurs engrangé 0,6% la semaine dernière et porté ce faisant son gain annuel à +31,9%.
Le Nasdaq a, lui, franchi la barre des 36% de hausse annuelle dès les premiers échanges vendredi dernier – il a pulvérisé un nouveau record dès l’ouverture à 9 052 points – et inscrit son dixième record absolu « intraday » en 11 séances.
Sauf catastrophe de dernière minute, il devrait réaliser son meilleur score annuel depuis 2013.
Quant au Dow Jones, il affiche une progression de 22,8% depuis le 1er janvier après avoir culminé vendredi en matinée à 28 701 points (+23%).
De ce côté de l’Atlantique, force est de constater que le CAC40 encaisse fort bien les troubles sociaux, ayant crû de 6% depuis le début des grèves (de 5 725 à 6 065 points) et grimpant sur les mêmes bases que le rally haussier du 4 janvier au 19 mars dernier, au terme duquel l’indice de référence de la Bourse de Paris avait gagné 20% en ligne droite.
Or, pour l’instant, c’est ici aussi une pure ligne droite, une oblique avec un angle d’inclinaison de 60% à 62%, tout comme lors des 4 précédentes impulsions de + 300 à + 450 points du CAC40 depuis début juin dernier.
La capitalisation globale des actions représente 105% du PIB mondial
Goldman Sachs (NYSE:GS), qui figurait parmi les gérants les plus « prudents » cet automne, a changé son fusil d’épaule ces dernières semaines et n’anticipe plus désormais qu’un « risque faible » de récession pour les 12 prochains mois, inférieur à 20% selon ses estimations.
Les politiques monétaires devraient au surplus continuer d’offrir un fort soutien aux marchés actions, tandis que Donald Trump fera tout pour propulser le Dow Jones vers les 33 000 points et le Nasdaq au-delà des 10 000 points. Il ne manque plus que 10% à ce stade, mais au rythme actuel, ce sera chose faite avant fin février ou à défaut avant la primaire démocrate du 3 mars.
Et si les valorisations sont historiquement élevées, les stratèges de Goldman rappellent que les taux n’ont jamais été aussi bas, donc comparaison (avec 2000 ou 2007) n’est pas raison.
Quand bien même un PER de 23 sur le S&P500 et de 28,2% sur le Nasdaq est supérieur de 50% à la moyenne historique !
Bon, admettons que cette moyenne ne soit plus pertinente et qu’il faille ne s’en tenir qu’aux 10 dernières années écoulées. Eh bien auquel cas, on obtient encore une surévaluation de 38%.
Par ailleurs, si on compare les PER au rendement du Bund et de l’OAT, les actions ne sont pas chères puisque l’argent rapporte zéro… depuis presque 10 ans.
Une autre façon de voir les choses consiste à observer la capitalisation globale des actions, laquelle dépasse aujourd’hui les 80 000 Mds$, soit 105% du PIB mondial et un record absolu.
Dans le détail, aux Etats-Unis, la capitalisation du secteur des “technos” a bondi de 50% cette année, du jamais vu depuis 1999, et cette hausse est près de deux fois supérieure à celle des valeurs qui constituent l’indice Russell 2000 (+26%).
2019 aura également été une année record également pour les émissions obligataires « corporate » avec un gain de 18% pour « l’investment grade », soit 50% de la performance du Nasdaq, mais davantage que la moitié des valeurs du S&P500.
Les six plus grandes banques américaines peuvent certes disposer de liquidités illimitées, mais il leur faudra dans l’immédiat se contenter d’un « REPO » de 150 Mds$ par jour.
Ah, que l’attente d’un nouveau « QE » est pénible !