Au premier semestre de 2019, les mouvements sur le pétrole et les préoccupations des traders ont été dominés par les sanctions imposées au secteur pétrolier iranien, les tensions grandissantes dans le golfe Persique et divers indicateurs d’un possible ralentissement économique mondial.
1. Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine
Il s’agit probablement du plus important catalyseur de mouvement des prix actuellement et pourrait avoir un impact significatif sur le sentiment et les perspectives du marché. Toute allusion à l’amélioration ou à l’aggravation des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine est susceptible de faire évoluer les prix du pétrole. Les présidents Trump et Xi se rencontreront immédiatement après la réunion du G20 au Japon à la fin de cette semaine. Les traders ne devraient pas s'attendre à ce qu'une résolution vienne de cette réunion, mais le ton et les résultats seront un signal important pour le climat économique mondial et les perspectives de la demande de pétrole. Le mieux que nous puissions probablement espérer est un engagement en faveur de la poursuite des négociations dans les mois à venir et des déclarations positives quant à la suppression des droits de douane actuels ou, du moins, à l'abandon de tarifs supplémentaires. Bien entendu, si la Chine et les États-Unis parviennent à un accord sur le commerce à un moment quelconque du reste de 2019, nous pouvons nous attendre à une augmentation des prix du pétrole, ce qui sera perçu comme un signe positif pour l’économie mondiale et la demande de pétrole.
2. La production et les exportations de Pétrole brut des États-Unis
Comme l'ont révélé les données de l' EIA hier, l’industrie pétrolière américaine reste un moteur important des prix. La production américaine est forte et si cela crée une accumulation de stocks , les prix auront tendance à baisser. Cependant, les États-Unis commencent enfin à voir les améliorations nécessaires dans l’infrastructure pétrolière - comme les pipelines - en ligne cet été. Alors que plus de pétrole est capable de s'écouler efficacement de la tête de puits vers les raffineries et les terminaux d'exportation, nous sommes moins susceptibles de voir des accumulations et des goulots d'étranglement en stockage. Le rapport d’EIA publié hier, qui indiquait un volume record d’exportations de 9,4 millions de barils par jour et une baisse des stocks de 12,8 millions de barils, en témoigne. Les prix du pétrole ont réagi positivement à cette nouvelle, même si une partie de ce mouvement haussier était le résultat de déclarations très positives du secrétaire américain au Trésor, Mnuchin, sur le potentiel de reprise des négociations commerciales avec la Chine.
Le seul nuage sombre dans le rapport d’EIA est que l’utilisation de la raffinerie est encore relativement faible comparée à la précédente. Ce sera un indicateur clé à surveiller par les traders au second semestre de 2019. Si les raffineries américaines ne fonctionnent pas à pleine capacité, cela signifie aussi que les raffineries s'attendent à ce que la demande de produits s'affaiblisse ou qu'elles ne soient pas en mesure d'obtenir suffisamment approvisionnement des types de pétrole nécessaires pour fabriquer les produits demandés au juste prix.
Le récent incendie de la raffinerie de Philadelphie et la décision subséquente de fermer l’usine créent son propre problème de demande aux États-Unis, dans la mesure où les 335 000 barils de pétrole brut qui y étaient traités chaque jour ne sont plus utilisés. Ce pétrole pourrait maintenant être vendu à d'autres raffineries, exporté ou stocké. La question est de savoir combien d'autres raffineries seront en mesure de répondre à la demande avec l'augmentation de leur propre traitement. La fermeture de la raffinerie a été annoncée mardi en même temps que la bonne nouvelle pour le WTI (chiffres de l'EIA et de la Chine), son impact sur les prix du pétrole n'a donc pas été vu et pourrait avoir un effet lorsque les nouveaux chiffres de l'offre et de la demande seront publiés.
3. OPEP et OPEP+
La prochaine réunion de l'OPEP, qui se tiendra les 1er et 2 juillet, devrait indiquer ce que l'on peut attendre de beaucoup des plus grands producteurs de pétrole du monde au second semestre de 2019. Les sanctions américaines sur le Venezuela et l'Iran ont entraîné une baisse de la production totale de l'OPEP significativement plus importante que les réductions de production de l'OPEP, mais cela dépend encore beaucoup des autres gros producteurs de l'OPEP - l'Arabie Saoudite et l'Irak.
L’Arabie Saoudite produit toujours en deçà de son quota, mais pourrait augmenter sa production au cours du second semestre. La compagnie pétrolière nationale saoudienne, Aramco, a récemment signé un accord visant à fournir davantage de pétrole brut aux raffineurs sud-coréens et cherche à étendre ses activités en Inde. Si l’Arabie Saoudite augmente sa production et ses exportations pour satisfaire ces clients, les prix du pétrole pourraient chuter. Mais à la fin de l’été, la consommation intérieure de pétrole de l’Arabie Saoudite diminuera considérablement, ce qui permettra d'augmenter les exportations.
L'Irak, en revanche, continue de produire au-dessus de son quota et cherche activement à accroître sa production. Même si l'OPEP parvient à un consensus pour maintenir l'accord actuel, les traders devraient surveiller de près la production irakienne. L'Irak utilisera toutes les opportunités qui lui sont offertes pour produire et exporter plus de barils. L’Arabie Saoudite devrait également être surveillée, car elle peut augmenter ses exportations à volonté si l’incitation financière est là.