Le scénario est réglé comme du papier à musique : quand l’aversion pour le risque s’empare des marchés, les investisseurs se replient sur les valeurs refuges comme l’or, le franc suisse et, surtout, les bons du Trésor américain (Treasuries).
Dernier épisode en date : l’épidémie de coronavirus qui touche la Chine. Elle a forcé les intervenants de marché à procéder à des arbitrages au profit des actifs refuges que sont par excellence les emprunts de la première puissance économique et politique mondiale.
Peu d’autres actifs jouent ce rôle.
Il faut dire que le marché des Treasuries peut compter sur des atouts inégalés jusqu’ici par d’autres classes d’actifs. D’une taille 16.700 milliards de dollars (16,7 trillions de dollars), le marché de la dette US est extrêmement liquide ce qui signifie qu’il est facile de trouver un acheteur ou un vendeur à n’importe quel moment et à un prix compétitif.
En corollaire, le marché de la dette US reste une référence pour les acteurs économiques dont l’activité génère d’importants flux en dollar et qui ont besoin de placer d’importants montants. C’est le cas par exemple des pays producteurs de pétrole dont les exportations génèrent beaucoup de liquidités en dollar, la devise de référence dans l’économie mondiale.
Par ailleurs, les États-Unis ne rencontrent guère de difficultés à s’endetter ou à financer leur déficit sur les marchés internationaux. Faut-il rappeler encore que la dégradation de la note souveraine des États-Unis en 2011 n’a que peu affecté l’intérêt des investisseurs pour les Treasuries. La raison ? Il faut sans doute la chercher dans le statut de première puissance économique des USA.
Avec un Produit Intérieur Brut (une mesure de la richesse produite par un pays sur une période de temps donnée) d’une valeur de 21.350 milliards de dollars, les États-Unis se classent en tête du classement mondial, selon un classement réalisé en juillet 2019 par la société de statistiques allemandes Statista. Deuxième du classement, le PIB chinois atteint 14.217 milliards. Viennent ensuite le Japon (5.176 milliards) et l’Allemagne (3.964 milliards).
Riche de 327 millions d’habitants, la croissance économique des États-Unis (+2,3% en 2019) repose essentiellement sur la consommation des ménages qui représente 68% du PIB. L’évolution de la consommation privée est un paramètre pris en compte par la Fed dans la détermination de sa politique monétaire, laquelle doit permettre d'atteindre le plein emploi, selon le mandat dévolu à la Banque centrale américaine. Cette dernière a récemment confirmé son taux d’intérêt directeur de référence dans une fourchette comprise entre 1,5% et 1,75%, alors que les principaux indicateurs sont au vert (emploi, confiance des consommateurs..) et que la trêve commerciale signé avec la Chine apporte un vent d’optimisme. Une trêve troublée désormais par l’épidémie de coronavirus aux conséquences encore difficile à évaluer sur les perspectives de l’économie mondiale.
Sur le marché obligataire, les investisseurs n’ont que l’embarras du choix pour se positionner sur la dette américaine. Sur l’échéance 10 ans (15 novembre 2029), il y a ainsi moyen d’obtenir un rendement de 1,93% sur base d’un prix de 98,44% du nominal et d’un coupon de 1,75%.