Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Au-delà de bons trimestriels, les opérateurs sont également très friands d’annonces de fusion-acquisition donnant lieu à des « primes » d’acquisition sympathiques. La dernière en date ? L’opération de Total (PA:TOTF) sur Direct Energie (PA:DIREN).
En effet, face à des perspectives de croissance incertaines, et probablement moins florissantes que ce que les gérants prétendent face aux médias (en « off », ils se montrent beaucoup plus prudents), l’un des axes de stock picking privilégiés consiste à identifier les cibles d’une possible opération de croissance externe… Autrement dit, de concentration.
Total rachète Direct Energie
S’il y a bien longtemps qu’une grande entreprise du CAC40 ne s’est pas illustrée par une initiative du genre sur le sol français, à l’étranger, les multinationales tricolores ne chôment pas. A l’image de l’Oréal (acquisition en Corée du Sud), Saint-Gobain (PA:SGOB), Aperam (AS:APAM), Korian (PA:KORI), ou encore Engie (PA:ENGIE) (à qui les médias financiers prêtent des velléités de rachat sur le Portugais EDP). C’est donc Total (FR0000120271) qui a fait l’actualité ce mercredi, avec une offre de rachat amicale de près de 2 Mds€ immédiatement saluée par la communauté financière. La proie n’est autre que Direct Energie (FR0004191674). Le protocole d’accord de rapprochement a été approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration de la cible.
Qu’en est-il ? L’opération passe d’abord par l’acquisition immédiate par Total de 74,3% du capital de Direct Energie ; sur la base de 42 € par action (+30% de prime !) pour un montant d’environ 1,4 Md€. S’en suivra une offre publique obligatoire pour éponger le reliquat détenu par les minoritaires (vous et moi). Ce qui coûtera grosso modo à Total 0,5 Md€ supplémentaire pour monter à 100% du capital.
Total « de la pompe à la prise »
En ce qui concerne le prix et la prime payés, pas de problème : même à 42 €, la cible n’est valorisée qu’à environ 12,5 fois son EBITDA prévisionnel 2018. Mais, ce qui séduit surtout les investisseurs, c’est que Total – en tant que fournisseur d’énergie – va chasser des parts de marchés sur de nouvelles terres. Celles d’EDF (PA:EDF) et d’Engie. Ainsi avec Direct Energie, Total s’affranchit de sa dépendance au pétrole tout en atténuant l’image de producteur/raffineur qui colle à l’enseigne. Car, dans sa dot, la cible ramène 2,6 millions de clients supplémentaires (actuellement 1,4 million) et une capacité de 1,35 gigawatt qui viennent s’ajouter aux 900 mégawatts de Total.
C’est symbolique eu égard aux capacités d’EDF, mais cette activité n’en est qu’à ses débuts. Total a déjà beaucoup investi dans l’éolien mais, en termes d’offre de mégawatts, cela reste anecdotique. Direct Energie offre à Total un accès à l’hydroélectricité et à deux centrales thermiques à « Cycle Combiné » fonctionnant au gaz naturel (à Bayet dans l’Allier et Marcinelle en Belgique) d’une capacité d’environ 800 MW. Les mégawatts restants se répartissent entre barrages, éoliennes terrestres, énergie solaire et biogaz, en France métropolitaine et dans les DOM-TOM. Le patron de Total, Patrick Pouyanné, espère 300 M€ de synergies… Ce n’est peut-être pas tant dans la production que réside la pertinence de cette opération mais bien dans la force de frappe commerciale que lui apporte Direct Energie… et c’est bien l’un des atouts majeurs de cette concentration.