Si la Réserve fédérale américaine a confirmé lors de sa dernière réunion qu’elle maintiendrait son cycle de durcissement monétaire dans les mois et années à venir, le marché anticiperait un autre scénario.
Ce vendredi 13 juin, la FED a dit s’attendre à ce que "la faiblesse du taux de chômage et la hausse de l'inflation aux États-Unis lui permettent de continuer à remonter ses taux d'intérêt de façon graduelle pendant les deux prochaines années".
Au mois de juin dernier, l’institution a pour rappel relevé pour la sixième fois consécutive d’un quart de point, son principal taux directeur, le portant à 2%.
Pour autant, le scénario de hausse continue des taux pourrait être mis à mal. Dans son édition de ce lundi, le Financial Times rapportait ainsi que le marché des futures et certains traders obligataires anticipent la fin du cycle de resserrement monétaire dès l’année prochaine.
''Si la prévision médiane des autorités monétaires américaines entrevoit le taux directeur à 3,375% en 2020, les contrats à termes suggèrent que les taux pourraient plafonner dès 2019'', souligne le FT.
Et pour cause, contrairement à la FED, le marché prendrait davantage en compte le risque de ralentissement économique, et ce, indépendamment de la forte croissance des bénéfices des entreprises et des solides indicateurs économiques.
Le marché nous indique que la FED se trompe
Cité dans le quotidien britannique, Guy LeBas, chef du département obligataire chez Janney Capital Management, explique que "les marchés nous disent qu’il y a un risque plutôt élevé de ralentissement économique ou de récession à la fin 2019".
John Brady, vice-président de R.J. O'Brien & Associates, abonde dans ce sens: "le marché nous indique que la FED se trompe. Pour la cinquième fois seulement depuis 1989, nous assistons à une inversion de la courbe des taux longs et des courts. Or, à chaque fois que cela s’est produit, cela a poussé la FED à mettre en pause son processus de resserrement monétaire".
Dernièrement, l’écart entre les taux courts (moins de deux ans) et les taux longs (plus de cinq ans) s’est fortement rétréci (24 points de base actuellement, un plus bas depuis 2007), une évolution qui pourrait être interprétée comme le signe d'une récession qui attend son heure.
Certes, la semaine passée, la Réserve fédérale américaine a dit craindre que les tensions commerciales internationales n'affectent l'économie, mais a tempéré en indiquant que cette économie américaine, au vu de la plupart des indicateurs, apparaissait néanmoins comme solide.
Globalement, les tensions commerciales ont amplifié les craintes de voir les entreprises commencer à freiner leurs dépenses, tandis que les effets bénéfiques de la réforme fiscale pourraient s'éroder en 2019. En outre, les chiffres de croissance à venir auront à subir la comparaison des très bons chiffres passés.
Le Financial Times indique qu’actuellement, une majorité des décideurs de la FED entrevoit deux hausses supplémentaires des taux cette année. Si d’autres hausses devaient avoir lieux en 2019, la FED pourrait avoir atteint un seuil suffisamment avancé pour que sa politique monétaire soit arrivée au stade où elle ne freine ni ne stimule l'économie.