Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le déluge de records absolus enregistrés à Wall Street vendredi dernier a logiquement accaparé l’attention de tous les observateurs, la séance dite des « 4 sorcières » constituant l’épilogue d’une phase boursière enchantée.
Ô combien prévisible, l’« happy end » aura bel et bien eu lieu, le Nasdaq terminant le mois sur une série stratosphérique de sept records consécutifs à l’issue d’une huitième séance de hausse d’affilée (le bilan annuel s’élève à +34,5%). De son côté, le S&P500 a enchaîné un sixième record consécutif pour « verrouiller » un gain de 26% depuis le 1er janvier (un peu moins que celui de 27,2% dégagé par le CAC40) et boucler en beauté une onzième semaine de hausse… avec au surplus l’un des gains de + 100 points (pour passer de 3 100 à 3 200 points) parmi les plus rapides de l’histoire.
Un vrai feu d’artifices donc, mais avec un bouquet final éphémère alors que ce vendredi a aussi été marqué par des événements susceptibles d’impacter durablement les marchés…
L’immense défi d’Andrew Bailey
Andrew Bailey, l’actuel patron de la FCA (l’Autorité des marchés britanniques), vient d’être officiellement nommé pour prendre la succession de Mark Carney le 16 mars prochain au poste de gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), une annonce faite par le ministre des Finances Sajid Javid.
Avant d’être “promu” à la tête de la FCA (un lot de consolation), Andrew Bailey avait occupé le poste de gouverneur adjoint de la Banque d’Angleterre. Il s’était retrouvé numéro deux, mais n’avait que 52 ans quand Mark Carney a pris les commandes de la BoE. Le gouvernement britannique de l’époque avait privilégié un homme d’expérience qui avait déjà occupé la fonction à la tête de la banque centrale du Canada.
Andrew Bailey sera désormais l’homme qui devra accompagner la transition du Royaume-Uni vers le Brexit, un processus qui risque d’être chaotique pour la livre sterling si Boris Johnson s’entête à vouloir croire que des accords commerciaux se substituant à ceux tissés avec l’UE pourront être formalisés et conclus d’ici le 31 décembre 2020.
Chacun sait bien que c’est impossible (l’UE et le Canada ont ainsi mis sept ans avant de parvenir à calibrer puis à signer un accord de libre échange) et cette obstination fait planer le risque d’un « no-deal » dans de nombreux domaines.
Vers un royaume désuni
Or, le Parlement – nouvelle mouture ! – a voté officiellement la sortie du Royaume-Uni de l’UE, thème central du discours de politique générale prononcé par la Reine la veille, et, en conséquence, « la principale mission du gouvernement sera de mener à bien le Brexit ».
D’ici là, une demande de référendum d’indépendance de la part de l’Ecosse (déjà formalisée par sa Première ministre Nicola Sturgeon) et une possible réunification de l’Irlande, sachant que les souverainistes sont désormais majoritaires au Parlement de Belfast, ne faciliteront probablement pas la tâche de « Bo Jo »…
Plus précisément, l’Irlande du Nord pourrait non seulement ré adhérer à l’Union Européenne, mais aussi adopter la monnaie unique (qui circule déjà allègrement à travers l’Ulster où règne virtuellement un système bi-monétaire, même si les impôts et la TVA se règlent en livre sterling).
En attendant, l’Angleterre a officiellement quitté l’UE vendredi. Le Royaume-Uni, lui, est bien parti pour devenir un royaume désuni.