Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
C’est la guerre sur les marchés, qui suivent de près l’interminable affrontement commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Vous connaissez sans doute les derniers rebondissements : report des négociations, bannissement de Huawei du marché 5G, et hier une déclaration de la Chine selon laquelle négocier quoi que ce soit avec les Etats-Unis tant qu’ils continueront à souffler le chaud et le froid ne sert à rien
Bref, ce sont les tweets de Donald Trump auxquels mon confrère Philippe Béchade faisait encore allusion hier et les assertions de Pékin qui font actuellement bouger le marché au rythme des portes de saloon.
Dans ce contexte, l’analyse technique n’est à peu près d’aucune utilité (sauf à jouer en intraday en essayant de « passer » entre deux tweets). En effet, tant que les conditions de marché resteront sous la menace (imprévisible) de ce genre de retournement de situation, tout peut changer du jour au lendemain, sans crier gare.
L’analyse graphique reste en revanche plus que jamais utile, la guerre économique entraînant un conflit sur les marchés dans lequel les deux camps opposés (celui des acheteurs et celui des vendeurs) défendent ardemment leurs positions.
C’est ce qui ressort très clairement du graphique que je vous propose. Une fois n’est pas coutume, je vous propose de nous concentrer sur le CAC Future (le FCE Full), pour la bonne raison que les prises de position des grosses mains se font majoritairement sur les futures. Et tant qu’à regarder ce que ces grosses mains font, notamment au niveau de l’analyse des volumes, autant aller sur le FCE. Les niveaux du FCE sont en effet, à quelques points près (dus aux distributions de dividendes), identiques à celui du CAC.
Un « no man’s land » dangereux
A la lecture de ce graphique, il apparaît que deux grosses lignes de défense sont exploitées par les acheteurs et les vendeurs pour déclencher leurs offensives.
L’une est une ligne de défense « Bull » (en vert), qui tourne autour de 5 200 points. Quand cette défense est cassée, on part en impulsion baissière, et inversement à la hausse.
L’autre ligne est celle de la contre-attaque des vendeurs (« Bears »), qui apparaît quant à elle en rouge (dans la zone des 5 550/5 600 points)
L’amplitude qui sépare les deux tranchées est d’environ 6%. Au milieu, c’est le « no man’s land » et le CAC40 est précisément en plein milieu de ce terrain miné, bombardé par des informations incessantes et souvent contradictoires qui pleuvent chaque jour ou presque.
Maintenant, un petit coup d’œil sur « qui fait quoi à qui ? ». Pour ce faire, observons les volumes et tâchons de répondre à la question suivante : « qui tient la rampe au dernier revirement en date : les acheteurs ou les vendeurs ? »
Dans le petit encart, en bas à gauche du graphique, vous trouverez une représentation Candle Volume en données hebdomadaires. Sachant que dans ce format , la largeur d’une bougie dépend du volume d’échange intervenu pendant ladite bougie.
La dernière bougie, celle de cette semaine, n’est pas encore terminée, mais au vu de sa largeur plus importante que celle de ses pairs, vous voyez que les volumes sont déjà plus étoffés que dans le mouvement baissier précédent.
Les acheteurs gardent la main
On peut en déduire que, pour le moment, les acheteurs ne laissent rien passer et continuent de défendre vigoureusement leurs positions. Voire essayent de piéger les vendeurs en les obligeant à racheter leurs positions (et donc à alimenter les flux d’achat). Ce sont eux qui « ont la main »… mais au train où vont les choses, il n’est pas certain que cette situation perdure.
Il y a un petit gap très tentant à combler, mais au milieu du range des 5 250/5 500 points, attention ! Car encore une fois, le terrain est miné et il y a au bout du compte beaucoup de risques pour un potentiel somme toute limité ( 6% max).
Personnellement, dans ce genre d’environnement, je temporise : trop peu de visibilité et trop de danger !
Bonne séance à tous,
Gilles