Depuis qu’il s’est embarqué dans l’aventure du Brexit, le Royaume-Uni a vu son économie ralentir. Si le climat des affaires s’est stabilisé récemment, le répit est fragile.
Jean-Luc PROUTAT
TRANSCRIPT // Brexit, où en est-on ? : février 2018
Un an et demi après avoir décidé de quitter l’Union européenne (UE), où en est le Royaume-Uni ?
Pour ceux qui en douteraient encore, la perspective du Brexit a bel et bien pesé sur la performance économique du pays.
Le taux de croissance britannique a été divisé par deux depuis 2015 ; il est aujourd’hui à peine supérieur à 1%, alors que l’Europe continentale évolue plutôt sur une pente à 2,5%, les Etats-Unis sur une pente à 3%.
La valeur de la livre a chuté, ce qui a généré de l’inflation (notamment pour les denrées alimentaires importées) et entamé le pouvoir d’achat des ménages.
Pour les plus modestes, ceux qui disposent d’une faible réserve d’épargne, il n’y a pas eu d’autre choix que de couper dans les dépenses de consommation ; ainsi, et comme on pouvait le craindre, les premières victimes du Brexit se trouvent parmi les populations qui l’ont voté.
Côté entreprises, l’investissement a (un peu) mieux résisté, peut-être parce que ces dernières ne croient toujours pas à l’hypothèse d’un Brexit « dur », y compris dans les sondages les plus récents.
En décembre dernier, l’obtention d’un compromis avec Bruxelles au sujet des conditions de sortie a même entraîné un léger réchauffement du climat des affaires.
Les raisons de se réjouir sont pourtant peu nombreuses, et le risque d’échec ou de report des négociations avec l’UE, toujours présent.
Cela tient d’abord à la position britannique, empreinte de dissensions internes, et ambiguë à de nombreux égards.
Ainsi la question, cruciale, de la réintroduction d’une frontière entre les deux Irlande, n’est-elle pas tranchée. La Première ministre, Mme Theresa May, garantit que l’Ile émeraude ne sera pas séparée physiquement ; mais elle plaide en même temps pour un retrait total du marché unique et de l’Union douanière, ce qui n’est guère compatible.
De même, le sort réservé aux ressortissants de l’UE qui voudraient s’installer au Royaume-Uni durant la phase de transition vers le Brexit reste sujet à interrogation…
La phase 2 des négociations démarre néanmoins. Elle ne sera pas un long fleuve tranquille.
En octobre 2018, soit d’ici neuf mois, le contour des futures relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni devra avoir été tracé et soumis aux parlements britannique et européen. Or, on ne sait toujours pas si les services, notamment financiers, en feront partie.
Si tant est qu’il soit approuvé, un retrait définitif interviendrait en mars 2019, et serait assorti d’une période de transition d’un peu moins de deux ans, durant laquelle le Royaume-Uni opérerait dans le marché unique, sans toutefois participer aux décisions communautaires.
Il lui faudrait aussi honorer ses engagements financiers, se conformer aux décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), et respecter le principe de liberté de mouvement des personnes…
Autant dire que la période qui s’ouvre est politiquement risquée pour l’exécutif britannique, déjà assis sur une majorité fragile.
A un an de sa date officielle, le Brexit est loin d’être une affaire classée