Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’année 2022 est synonyme de contreperformances sur les marchés pour l’enseigne. Engagée sur la voie du désendettement, elle tente de se racheter une santé financière mais ses pertes sont telles qu’il lui faudrait céder ses activités les plus lucratives pour y parvenir…
Rien ne va plus pour le distributeur stéphanois Casino : avec une action en baisse de plus de 65% depuis le début de l’année et une capitalisation boursière passée sous les 900 M€, il a tout simplement atteint un plus bas historique.
Il faut dire que S&P Global Ratings a abaissé la note du groupe, passant ainsi de B à CCC+ avec des marges de manœuvre limitées et d’importantes échéances de dettes au cours des quinze prochains mois.
Un CA en hausse qui cache un résultat négatif
En cause bien évidemment un endettement de l’ordre de 7,5 Mds€, entraînant d’énormes frais financiers. Ils représentaient l’an dernier la bagatelle de 813 M€.
Il est totalement impossible de gagner de l’argent dans ces conditions dans la mesure où le secteur de la distribution souffre en ce moment avec bien sûr des conditions plus que compliquées, mêlant perte de pouvoir d’achat et inflation.
Prenons le premier trimestre… Le chiffre d’affaires a certes progressé de 9,8% à 16 Mds€, ce qui est une bonne nouvelle. Mais le résultat opérationnel n’a été que de 380 M€…. Et le résultat net, vous voulez savoir… C’est une perte de 259 M€, due bien sûr à un résultat financier négatif, lié à ces fameux remboursements de dette.
Bien sûr, l’enseigne connue pour les marques Monoprix ou encore Franprix s’est engagée dans un vaste programme de cession de l’ordre de 4,5 M€ d’ici fin 2023…
Comment sauver Casino ?
Bien sûr, il y a déjà eu 4 M€ de ventes mais cela ne suffit pas à rassurer les marchés. Il faut trouver des solutions et elles ne sont pas nombreuses :
On peut penser à un adossement avec un grand groupe mais il serait tellement destructeur d’emplois que ça paraît inenvisageable.
Pourquoi pas un partenariat stratégique, mais là encore pas facile de trouver le candidat idoine.
Ou alors vendre les bijoux de famille, parmi lesquels l’Amérique Latine, ce qui représente plus de 50% du chiffre d’affaires et surtout une rentabilité de 3%, supérieure à celle de l’ensemble du groupe. Ce qui reviendrait à « vendre la vache à lait » de Casino… Une solution largement envisageable mais qui laisserait reposer le groupe seulement sur la France où la concurrence fait rage.
Vous l’avez compris, la situation est très compliquée. Voilà pourquoi même si les ratios boursiers restent faibles avec une VE/CA de 0,15, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon.
La revanche de Casino n’a pas encore sonné.