Des fonds américains shortent massivement le titre CGG (PA:GEPH), une société qui dispose pourtant d’atouts solides sur des marchés à fortes barrières à l’entrée, et qui va à nouveau générer du cash en 2021. Ils jouent ce faisant à un jeu dangereux, en encourant le risque d'un squeeze. Un premier avertissement a eu lieu la journée du 11 octobre 2021, au cours de laquelle le titre a grimpé de près de 20%.
Dans une note publiée au mois de novembre 2018[1], j’expliquais en quoi la faible valorisation des actifs cotés français constituait un réel enjeu, fragilisant le secteur financier, économique, rendant nos actifs vulnérables à diverses attaques spéculatives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’est pas déçus. Aujourd’hui en France, des fonds alternatifs, souvent américains, vendent massivement à découvert des sociétés cotées, occasionnant de sérieux dégâts. Dans le domaine de l’énergie, de telles opérations sont réalisées au prétexte fallacieux de protéger l’environnement. Il s’agit simplement, en réalité, d’exploiter une faiblesse et de nous attaquer.
Ainsi, typiquement, en va-t-il de CGG, attaquée par les fonds américains Citadel et Marshal Wace, auxquels les modèles suiveurs de tendance tels celui du Français CFM ont emboîté le pas. Résultat, la valorisation de CGG n’a strictement plus rien à voir avec ses fondamentaux. Mais les investisseurs individuels sont prostrés, les professionnels ne souhaitent pas trop se prononcer sur un sujet sur lequel ils ont perdu pas mal d’argent, et les investisseurs institutionnels, dans un grand malentendu, ont du mal à voler au secours d’une société « pétrolière ».
Pourquoi parler de « grand malentendu » ? Pour deux raisons. D’une part, CGG n’est pas une compagnie pétrolière. Elle est une société technologique disposant d’une des 15 plus grandes capacités de calcul dans le monde. Elle annoncera, début 2022, les applications de ses technologies, beaucoup plus larges que le seul secteur pétrolier, par exemple dans la captation du CO2, technologie complexe et cruciale dans un futur tout proche. D’autre part, dans le secteur du pétrole, elle est une société qui contribue à réduire l’empreinte carbone de ses clients, non à l’augmenter, nécessité encore récemment rappelée par l’IEA dans son rapport de mai 2021, qui traite de l’urgence de cesser l’exploration pétrolière. Sans exploration, il faut faire du développement et de l’optimisation des puits : c’est précisément ce que fait CGG. Les atouts technologiques de CGG sont donc indéniables. Et c’est sans parler de Sercel, dans l’équipement, dont les technologies de nodes marins sont là encore uniques au monde.
A cause du comportement irresponsable de certains investisseurs, on en arrive à un paradoxe complet où une société de qualité, dont le management a remarquablement rétabli le cap depuis la restructuration de 2018, est valorisée, en fonction des méthodes de calcul retenues, entre 1.2x et 3.5x EV / Ebitda. Il est temps que cela cesse. C'est possible, assez facilement et avec des capitaux raisonnables, en achetant à vil prix le titre CGG, en squeezant les fonds vendeurs. Car ceux-ci, en ayant shorté près de 7% de la capitalisation boursière de CGG, jouent à un jeu dangereux. Ils encourent le risque de devoir racheter du papier en catastrophe, sur un titre certes assez liquide, mais qui n’est pas non plus une grande capitalisation.
[1] https://lminvestfrance.com/2019/03/27/fragilite-des-marches-boursiers-europeens-et-repercussions-politiques-inevitables-a-venir/