Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Elle l’a fait ! Emmenée par un Didier Deschamps(-Elysées) définitivement devenu une légende du jeu, l’équipe de France a remporté la Coupe du monde de football pour la deuxième fois de son histoire.
La première, c’était le 12 juillet 1998 et pas un investisseur – aujourd’hui senior – n’a oublié le 3-0 infligé au Brésil par Zinedine Zidane et consorts. Mais combien se souviennent que, le lendemain, les principaux indices boursiers mondiaux fêtaient non pas une Coupe du monde, mais l’inscription d’une rafale de record historiques en simultané ?
Le CAC40 culminait alors à 4 400 points et le DAX 30 à 6 160 points, mais remettons ces deux indices en perspective avec le CAC 40 « Global return » (« GR »), lequel affichait 6 030 points après avoir tutoyé les 6 050 points.
Il ne sous-performait ainsi que de 2% son homologue allemand (calculé lui aussi dividendes inclus) après une décennie d’existence. 20 ans plus tard, le CAC 40 GR qui a pris un net avantage sur le DAX, cotant 14 220 points contre 12 540 points.
Le 13 juillet 1998, le Nasdaq battait lui aussi un record absolu très symbolique puisqu’il venait de réussir à se hisser juste au-dessus de la barre des 2 000 points (à 2 010 points), un véritable Everest pour cet indice qui en valait à peine la moitié mi-juillet 1996 et tout juste le tiers (705 points) le 10 juillet 1994.
Ce même Nasdaq vient d’inscrire un nouveau record absolu à 7 843 points vendredi dernier, soit une multiplication par 3,92 en l’espace de 20 ans. Dans le même temps, le CAC 40 GR a, lui, multiplié sa valeur par 2,4… La « vraie » référence demeure toutefois le S&P500, qui battait lui aussi un nouveau record absolu le 13 juillet 1998 à 1 170 points et cotait 2 810 points en fin de semaine dernière, ce qui donne un ratio de 2,39.
▶ Une correction XXL pendant l’été 1998
Bref, les marchés étaient tous ivres de bonheur au soir du 13 juillet 1998, mais il s’en est suivi une gueule de bois mémorable avec une correction qui débuta dès le 15 juillet et qui s’est soldée par un repli de 25 à 35% en l’espace de trois mois (un plancher ayant été atteint à l’issue de la première semaine d’octobre).
L’origine de cette crise se situa du côté des marchés émergents. Début 1998, quatre pays de la zone Asie du Sud-Est et baptisés les « Tigres » (la Corée du Sud, l’Indonésie, la Malaisie, et la Thaïlande) étaient rattrapés par leur surinvestissement et leurs excès d’endettement et basculèrent en récession.
Pendant plus de six mois, les marchés ignorèrent cette panne sèche, puis la défiance des investisseurs se propagea au Brésil, à l’Argentine puis à la Turquie et à l’Afrique du Sud… et même à la Pologne.
La coïncidence est troublante car à l’exception de cette dernière, les quatre pays précités sont ceux qui suscitent les plus grandes inquiétudes en cet été 2018… et la fuite des capitaux alimente la hausse du dollar, ce qui met encore plus de pays émergents (endettés en billet vert) en difficulté…
▶ Depuis 20 ans, les algos ont pris le pouvoir
Mais les analogies entre 1998 et 2018 ne s’arrêtent pas là puisque le cycle de croissance américain était également à son zénith et proche de son point de retournement, avec un taux de chômage incroyablement faible pour l’époque (4,6%, un niveau inconnu depuis 1973) et des salaires qui connaissaient leur progression la plus rapide depuis 1990.
L’indice de confiance des consommateurs du Conference Board était lui aussi à son zénith à 120,4, ce qui constituait un plus haut depuis 1969.
Ce même indice a culminé à 128,8 en mai dernier (avant de rétrograder vers 126,4 le mois dernier) et il s’agissait de son meilleur score depuis décembre 2000 pour cet indicateur qui n’avait pas dépassé les 102 points au plus fort de l’euphorie des subprimes en août 2007.
Mais comme chacun sait, l’histoire ne se répète pas et il lui arrive seulement de balbutier, alors savourons cette deuxième étoile et ces indices boursiers au firmament.
D’autant qu’en 1998 à peine 10% des volumes quotidiens étaient réalisés par des « automates », alors qu’aujourd’hui la totalité de la hausse du S&P500 ne repose plus que sur 1% de ses composantes.
Dans ces conditions, qu’est-ce qui pourrait mal se passer (« what possibly could go wrong ») ?