Le couperet est tombé pour la Deutsche Bank (DE:DBKGn). Réuni ce dimanche 7 juillet, le conseil de surveillance de la banque allemande a arrêté les détails d’un vaste plan de réorganisation d’un montant de 7,4 milliards d’euros.
La Deutsche Bank va tout d’abord réduire la voilure tous azimuts : elle renonce ainsi à son activité sur les marchés actions - BNP Paribas (PA:BNPP) devrait assurer la continuité du service auprès des clients, selon Zonebourse - et les opérations dans la banque commerciale et les activités sur le marché obligataire seront réduites.
Par ailleurs, l’institution financière va créer une structure pour y loger les actifs dont elle souhaite se défaire, d’une valeur de 74 milliards d’euros (pondérés des risques).
La première banque allemande compte également supprimer 18.000 équivalents temps plein d’ici 2022, soit un cinquième de ses effectifs, pour les ramener à environ 74.000 postes.
Les charges liées au plan de restructuration auront un impact sur les résultats trimestriels. L’établissement s’attend à une perte de 2,8 milliards d’euros au deuxième trimestre de cette année, précise-t-elle dans un communiqué.
La Deutsche Bank à l’intention de financer ce plan de transformation sur base de ses ressources existantes, sans capital additionnel. Les actionnaires seront toutefois mis à contribution, puisque le management recommande ne pas verser de dividende pour les exercices 2019 et 2020.
Comment en est-on arrivé là ?
Créée il y a 149 ans, la banque allemande a été tiraillée entre sa volonté d’être un acteur qui compte parmi les géants mondiaux de la banque d’investissement et celle d’être une grande banque sur son marché domestique, l’Allemagne. L’ancien CEO, le Suisse Josef Ackermann, en fonction entre 2002 et 2012, avait fait le choix de privilégier la banque d’investissement. C’était sans compter la crise financière de 2007-2008 qui a touché de plein fouet l’ensemble des acteurs du secteur, dont la Deutsche Bank qui, depuis lors, est confrontée à un cortège de coûteux litiges judiciaires.
La décevante mise en Bourse de la filiale de gestion d’actifs DWS, l’échec subit par l’entité américaine aux stress tests de la Réserve fédérale en juin dernier et les déficiences dans la lutte antiblanchiment s’ajoutent à la liste.
Echec des plans alternatifs ; cours de bourse à la cave
La Deutsche Bank n’est pas toutefois pas restée sans réagir, pressée par des actionnaires franchement mécontents face à la dégringolade du cours de Bourse. L’action Deutsche Bank a clôturé ce vendredi 5 juillet à la Bourse de Francfort à 7,2 euros… elle flirtait encore aux alentours des 107 euros au printemps 2007, son sommet historique. Sa capitalisation boursière actuelle atteignait vendredi soir 14,8 milliards d'euros, inférieure à celle de KBC (25 milliards d’euros), d’ING (AS:INGA) (41 milliards), de l'entreprise de paiement allemande Wirecard (18,8 milliards) ou de la Fintech néerlandaise Adyen (19,2 milliards).
Appelé aux commandes de l’institution en avril 2018, Christian Sewing a ajusté la stratégie de la banque, en recentrant les activités sur l’Europe et sur les activités sources de revenus récurrents comme la banque de détail ou la gestion privée de fortunes. Il a aussi tenté un rapprochement avec la Commerzbank (DE:CBKG), l’autre grande banque allemande, sans succès faute d’un rapport coût/bénéfice suffisamment intéressant. Le CEO avait aussi prévenu d’emblée qu’il fallait s’attendre à des coupes franches dans l’emploi. Le marché, les actionnaires et les créanciers sont désormais fixés.
La réaction des marchés
A la Bourse de Francfort, la réaction des actionnaires est négative puisque l’action est en baisse de plus 5,37% à € 6,99 euros en cette fin d'après-midi.
Sur le marché obligataire, la tendance est à la légèrement à la hausse. Pour ne citer qu’elle, l’obligation subordonnée 3,125% que la banque s’engage à rembourser en janvier 2021 se traite à 99,73% du nominal, contre 98,42% vendredi soir. Libellée par coupures de 1.000 dollars, elle offre un rendement de 3,30%.
L’emprunt qui relève des dettes subordonnées juniors de la banque allemande, bénéficie d’un rating BBB- chez Standard & Poor’s, dernier cran du club des émetteurs notés « Investment grade » ou encore l’antichambre de la catégorie spéculative.