Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Pour faire suite à la revue de long terme du CAC et du DAX de lundi dernier, je vous propose aujourd’hui de passer de l’autre côté de l’Atlantique et de regarder ce qui se passe sur les indices américains.
J’ai sélectionné le Dow Jones et le S&P500, tous les deux se trouvant actuellement dans des configurations à la fois faciles et intéressantes à suivre.
Faciles parce que très claires graphiquement parlant. Intéressantes car elles sont extrêmement proches d’une validation, aussi le signal qui suivra devrait-il donner de bonnes indications quant à la suite des évènements.
Pour repeindre le tableau dans ses grandes lignes, deux excès ont été commis. Le premier, c’est la sortie en accélération qui a eu lieu à la suite de l’élection de Donald Trump, sachant que le Dow Jones suivait déjà un canal très haussier auparavant. C’est le canal gris qui a débuté en 2009.
Cet excès a donc pris la forme d’un nouveau canal extrêmement pentu : le canal violet.
Le second excès, c’est la sortie à la hausse du canal haussier violet, qui correspond au petit « peak » qui a permis de toucher la résistance « R ».
▶ Les grosses mains vont défendre leurs stocks
À ce stade, le Dow Jones est donc évidemment et reste éminemment haussier, mais il est désormais probable que cette tendance soit cassée.
Si c’est le cas, attention ! La bagarre sera rude et violente. Je pense que l’indice partira dans un premier temps dans un mode « range » (dérive latérale), mais avec la présence d’une forte volatilité à l’intérieur dudit range, délimité d’une part par le support « S1 » et d’autre part par la résistance « R ».
L’objectif des grosses mains sera de tenir impérativement le niveau du support « S1 » car il faut à tout prix éviter la validation d’une formation en « tasse avec anse » (en orange sur le graphique). Et pour cause : si elle l’était, non seulement le canal haussier (violet) serait invalidé, mais en plus l’objectif théorique de la tasse avec anse se situerait sur « S2 », soit vers 20 000 points, ce qui équivaudrait à un repli de l’ordre de 15% de baisse.
Cette fois encore je parle des grosses mains, mais il faut garder à l’esprit que les cinq plus grosses banques d’investissement du monde contrôlent à elles seules plus de 70% des transactions sur les marchés dérivés. On doit se mettre à leur place : elles sont chargées à la hausse depuis des lustres, avec un stock de produits dérivés pour jouer la hausse du marché et donc le booster dans ce sens, dans l’optique de faire fructifier leur activité et de « valoriser » leur stock.
Donc, quelles que soient les « news » ou les conditions économiques, elles ont pour devoir de « défendre » leurs stocks, de les valoriser pour continuer à faire des profits.
Quant aux médias, ils n’ont d’autre choix que de (très habilement) transformer les mauvaises nouvelles en bonnes nouvelles pour expliquer la hausse des marchés. A titre d’exemple, quand les taux baissaient, « on » vous expliquait que c’était un très fort soutien pour la bourse. Et maintenant qu’ils remontent, on vous explique très exactement la même chose ! Tout cela est d’une logique implacable… Une logique que dénonce d’ailleurs aussi Philippe Béchade dans son article du jour.
Prenons maintenant le support « S1 », qui se situe précisément à 23 500 points, et voyons la façon dont les prix réagissent.
Les algorithmes reprennent la main « pile » sur ce niveau (petites flèches vertes) pour le défendre et renvoyer les prix à la hausse. Cela signifie que ce niveau doit ABSOLUMENT être préservé…
Pour le moment, le support du canal vert est toujours tenu, alors même que l’administration Trump accentue la pression sur la Chine, ce qui n’a pas été sans quelques tensions sur les marchés actions.
▶ Une forte volatilité est à attendre en cas de passage du Dow Jones sous les 23 500 points
Vendredi, la Maison-Blanche n’y est pas allée avec le dos de la cuillère, annonçant que les taxations pourraient concerner… 500 Mds$ d’importation de produits chinois ! Suprême paradoxe : Wall Street a toutefois clôturé… en hausse ! Une hausse qui selon moi défie toute logique et est à mon avis la preuve irréfutable qu’il ne fallait surtout pas casser le support du canal haussier pour ne pas donner de signal négatif avant la publication des premiers semestriels. En substance, il fallait « tenir » le marché, quelles que pouvaient être les nouvelles et le contexte général.
Et maintenant ? Il existe une probabilité importante de passer en dérive latérale au moins jusqu’à la fin des publications semestrielles, mais si le niveau des 23 500 points dont je vous ai parlé venait à être attaqué, nous en serons quittes pour une forte volatilité.
Cependant, je suis convaincu qu’il ne cèdera que si une grande banque d’investissement est obligée pour une raison ou une autre de liquider une partie de ses positions si elle se trouve en difficulté. Et si cela se produit, les choses risquent d’aller vite, très vite…
Il n’y aurait pas de warning, mais dans ce cas de figure les volumes sur les marchés futures exploseraient à la hausse.
▶ Regain de volatilité sur le S&P500
Pour ce qui est du S&P500, il suit fidèlement depuis 2016 une tendance haussière délimitée par son support (le segment oblique vert). Les impacts sont marqués par les petites flèches vertes. Ce sont les niveaux de relance à travailler si l’on opère dans cette dynamique.
Cependant, depuis le « touch down » sur la résistance « R » (soit vers 2 870 points), la volatilité a commencé à fortement remonter et la nervosité est clairement perceptible à l’intérieur du triangle bleu).
À partir de ce « touch down », très exactement à la clôture de la bougie mensuelle de janvier dernier, les flux de capitaux , c’est-à-dire les volumes, ont arrêté leur progression et ont par extension cessé d’alimenter la hausse. C’est ce que montre l’indicateur OBV (« On Balance volume »), son encadrement dans le petit rectangle orange correspondant pile au début du triangle bleu sur le S&P500.
Certes, tant que le support oblique tient, la tendance reste haussière, mais je pense qu’elle devrait être cassée et que le niveau de support « S1 » à 2 600 points aura au moins été testé en septembre prochain, lors des prochaines analyses trimestrielles. Il ne vous a sans doute pas échappé que je suis beaucoup moins « affirmatif » quant à l’atteinte de tel ou tel niveau que dans mes précédentes analyses. La raison est simple : tout ou presque se jouera avec les prochains développements de la guerre commerciale entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe.
Dans l’attente, je me contente de « surveiller » des niveaux sans prendre forcément en compte les signaux des indicateurs techniques, ces derniers pouvant se faire invalider du jour au lendemain dans pareil contexte.
Celui-ci fait que je n’achète pas les marchés américains. Au contraire, je cherche des points de « short » pour me placer dans l’optique de la fin des tendances baissières.
À très bientôt pour une mise à jour de cette analyse, sans doute début août, et bonne semaine !