Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
A la veille des élections de mi-mandat et à la lumière des dernières statistiques mensuelles sur l’emploi américain, de nombreux journalistes et autres « faiseurs d’opinion » commencent à se demander si le « Trump Bashing » (autrement dit, faire passer le président américain pour un sinistre demeuré, sexiste et xénophobe) ne constitue pas une preuve d’aveuglement « gauchiste » face à un enchaînement de succès économiques impressionnants.
Donald Trump ne s’est en effet pas contenté d’hériter d’une croissance robuste (3,5% au troisième trimestre de 2016) et d’un faible taux de chômage (4%) légué par l’administration Obama : il a orchestré une accélération du PIB jusqu’à 4,2% au deuxième trimestre 2018, du jamais vu depuis 2014 – c’était lors du deuxième mandat de son prédécesseur –, sur fond de chômage solidement installé autour des 3,7/3,8%.
Les impôts baissent, les entreprises américaines n’ont jamais engrangé autant de profits, l’invasion migratoire est enrayée (d’autant plus facilement qu’elle n’a jamais eu lieu !) et les Américains se sentent bien plus en sécurité que sous Obama. Et puis le locataire de la Maison-Blanche vient d’autoriser l’armée américaine à ouvrir le feu sur des migrants qui leur jetteraient « vicieusement et violemment » des pierres par-dessus la frontière avec le Mexique.
« Plus en sécurité »… quand bien même quelques dizaines de « tueries de masse » (plus de 4 morts par « incident violent ») sont enregistrées chaque année sur le territoire de l’Oncle Sam. Des tueries commises par des Américains grands délinquants, déséquilibrés ou extrémistes… mais « de souche », ce qui est plutôt rassurant.
▶ Donald Trump, des succès économiques en trompe-l’œil
Refermons cette très triste parenthèse pleine de bruit et de fureur pour revenir sur les (pseudo) succès économiques de Donald Trump.
Ils partagent avec ceux d’Obama deux points communs fondamentaux : un soudain afflux massif d’argent dans le système financier et un creusement abyssal des déficits.
Sous Obama, le Quantitative easing a dopé artificiellement le cycle économique. Avec Donald Trump, les baisses d’impôts massives et les hausses de dépenses fédérales – tout aussi conséquentes – accomplissent le même prodige, celui d’une croissance à 4%… 100% à crédit ! De celles que les Européens s’interdisent au nom de l’orthodoxie monétaire « à l’allemande ».
Ironie de l’histoire, à la lumière des stress tests de la BCE et de l’ABE (l’Autorité bancaire européenne) rendus publics vendredi dernier, ce sont les banques d’outre-Rhin (Deutsche Bank (DE:DBKGn), Commerzbank (DE:CBKG) et plusieurs « Landesbank » comme la Bayerische, la Hessen/Thuringen et la Norddeutsche) qui apparaissent comme étant les plus vulnérables, devant leurs homologues britanniques (notamment Barclay’s, RBS (LON:RBS) et Lloyds).
De son côté, l’illustre établissement italien Banca Monte Dei Paschi Di Sienna (BMPS) est sorti de la « liste rouge » de la BCE après sa recapitalisation, et comme il fallait s’y attendre le ministre italien de l’Economie Giovanni Tria s’est empressé de saluer « avec satisfaction les résultats des stress tests sur l’état de santé du système bancaire italien ».
Quel monde merveilleux ! Les banques italiennes supportent à elles seules la moitié des 650 Mds€ de créance douteuses (qui ne seront pas remboursées, ou très partiellement) identifiées par la BCE en zone euro, mais elles se montrent plus « résistantes » que ne le seraient les banques allemandes ou britanniques en cas de cataclysme financier.
Je sens que nos lecteurs vont respirer… et que nos abonnés à Béchade Confidentiel vont se réjouir car nous avions anticipé ce genre de scénario dans notre portefeuille.
Bien sûr, tout ce qui précède n’est que fraude, faux-semblants et écrans de fumée… mais les marchés actions vont faire semblant d’y croire, jusqu’à la prochaine « alarme incendie » sur le secteur bancaire.
A mon avis, ce sont les mêmes qui ne sont plus très loin d’encenser Donald Trump qui vont se réjouir de la santé retrouvée des banques italiennes…