Article publié à l'origine sur www.centaure-investissements.com
Est-ce le bon moment pour investir en bourse ?
Au cœur de la tempête du mois de mars sur les marchés financiers, en lien à la crise sanitaire du coronavirus, un krach mondial était attendu. Chaque analyste avait sa propre théorie sur la forme de lettre qui pouvait représenter la sortie de crise. Certains parlaient d’une reprise en V, d’autres en L, d’autres en W, ou encore certains étaient adeptes du U. Puis quelques semaines plus tard, on vit même apparaître les analystes des plus sportifs parler d’une reprise sous la forme de la virgule de Nike (NYSE:NKE).
Aujourd’hui, le manque de clarté des marchés financiers sème le doute.
Réalisons un point macroéconomique de fin de période estivale pour répondre à cette question toute simple : Est-ce le bon moment pour investir en bourse ?
Les gouvernements et les banques centrales sont toujours à l’action
Les gouvernements et les banques centrales ont réagi très rapidement, et n’ont laissé que peu de place au doute. Finalement, après avoir imaginé que la reprise se ferait finalement sous forme de V, à l’image des Etats-Unis, il s’avère que c’est finalement une espèce de racine carrée qui se profile devant nous. Il est vrai que près de 9 000 milliards ont été déversés sur l’économie mondiale, sans pour autant avoir atteint la moindre limite à ce stade. Cela donne donc une tendance, par exemple, concernant les taux qui devraient rester bas probablement encore quelques années, voire même pourquoi pas, toute la prochaine décennie. Ce qui renforce des prévisions plutôt optimistes sur le marché des obligations.
Les actions quant à elles, tirent finalement leur épingle du jeu, dans le sens où certaines thématiques vivent réellement une reprise en V. Toutefois certaines anomalies ne manquent pas de surprendre les investisseurs. Le Bitcoin à plus de 10 000 $, l’or à plus de 2000 $, la résistance de l’immobilier allemand Vs l’immobilier français ou américain (1 locataire sur 6 ne peut plus payer son loyer aux Etats-Unis), font de cette année, une année qui ne ressemble à aucune autre. Les indicateurs eux-mêmes, semblent obsolètes, tant le manque de lisibilité est prégnant. La seule certitude est que les marchés sont placés sous oxygène par les banques centrales, et que la monnaie coule à flot. Cette crise économique, qui n’en est d’ailleurs peut-être pas une, présente d’avantage un changement majeur de l’économie mondiale, qu’une rupture semblable à celle de la crise financière de 2008. Sont alors mis en avant les sujets majeurs du fameux monde de demain, que sont la démographie, l’environnement et les nouvelles technologies.
Le retour de la volatilité … stable !
Fort de ce constat, les indices financiers retrouvent une volatilité que nous avions oubliée depuis de nombreux mois. Juillet 2020 aura été marqué par la crainte de la deuxième vague, non pas pandémique, mais de baisse des marchés financiers. Nombreux étaient les acteurs qui imaginaient un retour sous la barre des 4000 points pour le CAC 40. Mais les 15 premiers jours d’août, mettent en évidence un mouvement de contre-balancier, qui nous ramène autour de 5000 points. Certaines valeurs sont toujours en souffrance, mais le luxe, les biotechnologies, l’intelligence artificielle, les métaux précieux, les small caps, etc. … tirent les marchés vers le haut assurément.
Deux pas en arrière, puis deux pas en avant !!!
Effectivement, au mois de juillet, le développement du virus, notamment aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, assorti à la crainte d’une deuxième vague de pandémie en Europe, ne séduisaient pas du tout les marchés. De plus, les chiffres du deuxième trimestre, en lien au confinement mondial que nous avons connu, laissaient envisager une augmentation des faillites des entreprises ainsi que du taux de chômage. À cela est venu s’ajouter un nouvel épisode de la guerre commerciale sino-américaine impactant encore plus l’économie de la planète. Enfin, l’avancée de Joe Biden dans les sondages, laissait entrevoir une hausse des impôts et une politique moins accommodante avec les marchés. Ainsi, nous avons les raisons de la baisse de juillet avec un retour autour des 4800 points pour le CAC 40.
Août mieux que juillet ?
Toutefois, le tableau n’est pas si noir que ça début août. En effet, les perspectives d’un futur vaccin ont tendance à emballer les marchés à chaque nouvelle annonce. La situation sanitaire semble également être sous contrôle en Europe, ce qui est plutôt rassurant, tant sur le plan de la maîtrise, que sur le plan économique en lien à la productivité. D’autre part, la situation semble enfin s’améliorer aux Etats-Unis, tout comme la croissance qui repart enfin un peu. Les marchés pronostiquent Trump vainqueur des élections, tout en imaginant Joe Biden possible vainqueur du haut de ses 78 ans, ce qui permettrait d’avoir un peu plus de lisibilité sur les marchés. De plus, Biden mettrait certainement un terme à la guerre commerciale avec la Chine. Ainsi, quel que soit le scénario, les marchés semblent s’en contenter, et reprennent des couleurs en revenant sur les 5100 points pour le CAC 40.
Finalement, on se rend compte que nous avons fait depuis le début de l’été, deux pas en arrière pour refaire deux pas en avant. Le virus évolue peu, les chiffres de l’économie ne sont pas pires qu’attendu, les banques centrales poursuivent leur soutien, et les indices boursiers demeurent peu ou prou au même niveau qu’en début d’été. Le paradoxe du moment et que les marchés subissent une volatilité qui agit en aller-retour, pour ne finalement générer aucun bouleversement après quelques semaines.
Quelles perspectives pour les investisseurs ?
Alors dans ce contexte, quelles perspectives pour les investisseurs ? La course internationale à la recherche d’un vaccin a tendance à booster la thématique des biotechnologies. En effet, chaque annonce d’une avancée tangible donne lieu à une hausse des indices quasi systématique. L’enjeu est de taille, et les gouvernements ne s’y trompent pas, car ils investissent massivement dans les laboratoires susceptibles de porter le pays salvateur à la hauteur des espérances mondiales. Néanmoins, les conséquences de la rupture que nous avons connues au deuxième trimestre ne sont aujourd’hui que reportées. En effet, grâce au soutien des gouvernements quant au chômage partiel et aux prêt garantis par les États, par exemple, la véritable augmentation du chômage et du nombre de faillites d’entreprises n’apparaissent pas encore véritablement dans les données produites.
Certains secteurs sont encore en souffrance sur les marchés, et sont loin d’avoir récupérés la baisse que nous avons connue en mars et avril. Les foncières cotées font partie de ses paris à tenter sur le moyen long terme. Elles s’achètent encore très bas aujourd’hui, et pour cause… À l’image de beaucoup de moyennes ou de grandes capitalisations, les fondamentaux de ces entreprises ne sont pas toujours très sains, et ont laissé place à des valorisations irrationnelles jusqu’en février. Idem pour beaucoup de valeurs de croissance ou certains secteurs comme la banque ou l’automobile. À l’instar de toutes ces périodes incertaines, de belles opérations sont à réaliser, mais la sélection des actifs dans lesquels investir doit être de plus en plus drastique.
Risk off ?
Enfin, le manque de lisibilité que nous connaissons depuis plusieurs mois est atténué par les liquidités injectées sur l’économie par les banques centrales. De plus, l’action des gouvernements pour sauver certaines entreprises couvre un minimum le risque de rechute des marchés. Nous devrions donc vivre jusqu’à la fin de l’année, une alternance de bien et de moins bien, avec des marchés cyclothymiques, alternant les fortes hausses et les fortes baisses, selon qu’un espoir de vaccin apparaît, ou que le risque d’une seconde vague épidémique se fait pressant.