Cet article a d'abord été publié sur La Bourse Au Quotidien
Comme l’évoquait mon confrère américain Jim Rickards dans l’une de ses lettres cette semaine, les faillites d’entreprises se multiplient aux Etats-Unis ces dernières semaines (cf. le cercle rouge ci-dessous) et tout porte malheureusement à croire que l’hécatombe est loin d’être terminée.
Dans le même registre, l’assureur-crédit Coface a rapporté tabler sur une augmentation d’un tiers des défaillances d’entreprises d’ici 2021, avec certes d’importantes disparités selon les pays (+44% au Brésil, +43% aux Etats-Unis, +21 % en France, mais « seulement » +12% en Allemagne).
Pour autant, avec la FED qui a promis d’acheter tout et n’importe quoi au milieu du printemps – et notamment de la dette high yield voire des junk bonds (obligations pourries), nous sommes en train d’observer des distorsions de marché assez surprenantes.
Les actions de plusieurs sociétés placées sous le régime de la faillite se sont en effet envolées depuis le début du mois. Parmi elles, celles du loueur de voitures Hertz et du détaillant JCPenney, deux entreprises connues du grand public, mais aussi celles du groupe parapétrolier Chesapeake Energy Corporation (NYSE:CHK) et du spécialiste de l’ameublement Pier 1 Imports Inc (NYSE:PIR) (cf. les rectangles noirs ci-dessous).
La FED change les règles
Etant donné les situations financières hautement dégradées des sociétés concernées, ces flambées boursières ont quelque chose d’incongru, voire de dérangeant. D’ordinaire, en effet, l’opérateur qui investit dans une société qui fait faillite ne revoit pas sa mise, les créanciers (notamment obligataires) étant toujours prioritaires et les actionnaires les derniers servis dans le cas où il y aurait encore quelque chose à récupérer.
Avec le soutien de la FED, force est cependant d’admettre que le placement sous la loi du chapitre 11 (ou sa perspective) n’effraie plus personne. Au contraire, cela semble encore plus inciter à la prise de risque…
Après le passage du baril de WTI en territoire négatif à la mi-avril, on aura véritablement tout vu en ce printemps 2020.
Pas sûr néanmoins que tout ce micmac soit très sain…