Le 16 juin 2015, j’évoquais l’IPO d’Europcar en vous disant que je n’aimais pas les introductions en Bourse visant à réduire l’endettement d’un groupe.
En effet, il me semble qu’on vient sur les marchés financiers pour des perspectives de croissance, pas pour réduire son ratio dette nette/ebitda. J’indiquais en conclusion ne pas vouloir jouer l’IPO, déçu également par l’absence de slide show lors de la présentation de l’opération…
L’introduction a bien eu lieu à 12,25 €, mais depuis, c’est assez difficile pour le titre. Jugez plutôt : l’action a perdu, en un peu plus d’un an, 39% de sa valeur, tombant autour du milliard d’euro de capitalisation.
Il faut dire que les mauvaises nouvelles se sont succédées. La faute aux attentats, au climat économique assez médiocre… et au Brexit. Le groupe est numéro 2 dans la location de voitures au Royaume-Uni, avec une part de marché de l’ordre de 23% sur un marché qui génère 22% de ses revenus locatifs annuels…
Il y a donc un double effet. Primo, des pertes évidentes de chiffre d’affaires liées au ralentissement quasi inéluctable outre-Manche. Secundo, des effets de change négatifs liés à la forte baisse de la livre sterling.
Quand le groupe consolide ses résultats en euros, il y a des pertes de change. D’ailleurs, les résultats semestriels, publiés en début de semaine, sont pour le moins médiocres avec une baisse de près de 2% du chiffre d’affaires semestriel à 948 M€, combinée à une Ebitda de l’ordre de 55 M€ (contre 59 M€ attendus).
La société ne prévoit plus qu’une légère hausse de son chiffre d’affaires annuel contre une estimation initiale comprise entre 3% et 5%. De même, les 251 M€ d’Ebitda prévus sur l’année sont nettement inférieurs aux plus de 270 M€ de prévu.
Au-delà de cette déception financière, il faudrait s’interroger sur le business model du groupe. Comprenez bien que le marché évolue avec l’apparition, entre autres, d’Uber. Uber exerce une pression déflationniste sur le secteur. Avec des tarifs moins élevés de l’ordre de 25% à 30% aux aéroports, il peut être plus intéressant de prendre un Uber que de louer une voiture.
Il y a des calculs à faire qu’il n’y avait pas une dizaine d’année auparavant, quand il fallait trouver une voiture de location dans une gare ou un aéroport. Le covoiturage peut aussi être concurrentiel. L’envolée de Blablacar est la preuve que pour aller de Nice à Marseille, il y a autre chose que la location de voitures.
Il faut se réinventer dans la location de voitures. C’est ce que commence à faire Europcar. Le 20 juillet dernier, le groupe a investi dans Wanderio, une start-up italienne qui cherche à simplifier la vie des consommateurs en leur proposant le meilleur moyen de transport pour aller d’un point A à un point B suivant le prix et la durée du voyage comme seuls critères.
Il faut agir vite dans un marché en plein développement et où les stratégies doivent être très rapides.