Que s'est-il passé lors de la réunion d'hier de la BCE ? (par Yann Quelenn)
Les investisseurs s'attendaient à ce que Mario Draghi annonce une prolongation du QE au-delà de mars 2017 à l'issue de la réunion tenue hier par la Banque centrale européenne. Si le patron de l'institution monétaire est resté flou en la matière, il a laissé entrevoir un allongement des rachats d'obligations. La position accommodante continue de prévaloir et la réduction du QE ne semble pas d'actualité. Nous restons convaincus que le programme sera étendu et que le montant d'achats de 80 000 milliards mensuels restera inchangé pendant quelque temps.
Il nous paraît clair que le rendez-vous de décembre sera la réunion phare de l'année. Nous pensons que les autorités monétaires ont opté pour le statu quo ce mois-ci afin d'éviter de nouvelles perturbations de marché. Notons également que M. Draghi est sans doute satisfait du niveau de l'EUR/USD. Le cross campe actuellement sous les 1.10, ce qui profite aux exportateurs de la zone euro et offre un certain répit à la banque centrale.
L'inflation de la zone euro demeure très faible à 0.4%, bien en deçà de l'objectif de 2% de la banque centrale. Le programme de la BCE n'a pas fait la preuve de son efficacité jusqu'ici. De fait, nul ne peut prétendre que l'économie de la zone a été stimulée, sachant que la croissance reste léthargique. Nous maintenons notre vue accommodante, bien qu'il y ait peu de marge pour de nouvelles réductions de taux. D'après nous, ces derniers ne peuvent pas s'enfoncer beaucoup plus en territoire négatif, sous peine de déclencher une ruée vers les guichets. La BCE n'a aucun intérêt à accroîtreles pressions pesant sur un secteur bancaire déjà en mauvaise posture. Certains établissements, tels Deutsche Bank (DE:DBKGn) ou Commerzbank (DE:CBKG), font déjà couler beaucoup d'encre et il est inutile d'aggraver leurs difficultés.
Fausse réaction négative de l'euro
Malgré le silence de Mario Draghi sur la possibilité d'un assouplissement supplémentaire, l'EUR/USD a cédé -1.0% depuis la réunion de la BCE. Nous pensons que le marché n'écoute pas la BCE. Il entend les mots sans en comprendre le sens. Ces dix dernières années, il s'est habitué à la mise en œuvre d'assouplissements entraînant une dépréciation monétaire chaque fois que les perspectives d'inflation dévient de la fourchette d'objectif des banques centrales (2% dans le cas de la BCE). Malgré le désaccord croissant sur l'efficacité du mix monétaire actuel et l'effet de distorsion sur les marchés financiers, les marchés financiers s'attendent à toujours plus d'assouplissement. C'est une simple projection : la BCE doit faire quelque chose et cette action doit impacter l'euro, comme l'expérience récente de la BoJ l'a montré aux cambistes. Nous voyons toutefois la politique des banques centrales atteindre un point de réflexion. L'époque où l'on comptait sur la politique monétaire pour stimuler la croissance est révolue. On en revient à son utilisation en tant que soutien de la dynamique de croissance. L'adoption des taux négatifs a été la mesure de trop pour la plupart des gens. Les banques centrales ne vont pas tarder à accepter le fait qu'elles n'ont pas un contrôle total et que le coût de l'action ne prime pas sur le coût de l'inaction. En 2017, les marchés financiers doivent apprendre à vivre dans un monde où les banques centrales ne prétendent plus offrir le salut économique.
EURUSD La dynamique baissière de la paire EUR/USD se poursuit. Les pressions vendeuses sont importantes. La paire peut rencontrer une résistance à 1,0822 (plus bas du 10/03/2016). Elle peut rencontrer une résistance horaire à 1,1058 (plus haut du 13/10/2016). Une résistance clé se trouve loin à 1,1352 (plus haut du 18/08/2016). La paire devrait poursuivre sa chute. À plus long terme, la structure technique favorise un biais baissier à très long terme aussi longtemps que la résistance des 1,1714 (plus haut du 24/08/2015) tiendra bon. La paire évolue au sein d'une fourchette depuis début 2015. Un support plus solide se situe à 1,0458 (plus bas du 16/03/2015). Cependant, la structure technique qui existe depuis décembre dernier implique une progression graduelle.
GBPUSD La paire GBP/USD est bien installée dans un triangle symétrique. Un support horaire se trouve autour de 1,2185 (limite inférieure du triangle symétrique), alors qu'une résistance horaire se situe à 1,2332 (plus haut du 19/10/2016). Des résistances majeures se trouvent loin à 1,2620, puis à 1,2873 (03/10/2016). Elle devrait poursuivre sa progression. La configuration technique à long terme est même plus négative, le vote sur le Brexit ayant ouvert la voie à une accentuation de la chute. Le support à long terme situé à 1,0520 (01/03/85) représente un objectif convenable. La résistance à long terme est située à 1,5018 (24/06/2015) et pourrait indiquer un retournement à long terme de la tendance négative. Cependant, un tel scénario est très peu probable pour l'instant.
USDJPY La paire USD/JPY a réussi à rebondir après avoir atteint un plus bas de 103,17, mais la paire ne parvient pas à se maintenir au-dessus de la résistance des 104.32. En outre, une cassure du support horaire des 102,81 (plus bas du 10/10/2016) est nécessaire pour confirmer l'existence de pressions sous-jacentes. Un support clé peut se situer à 100,09 (27/09/2016). Elle peut rencontrer une résistance horaire à 104,64 (plus haut du 13/10/2016). On devrait assister à une accentuation de la baisse, car les pressions vendeuses autour de 104,15-30 semblent importantes. Nous privilégions un biais baissier à long terme. Un support se situe actuellement à 96,57 (plus bas du 10/08/2013) . Une hausse progressive vers la résistance majeure des 135,15 (plus haut du 01/02/2002) semble absolument peu probable. La paire devrait poursuivre sa chute vers le support des 93,79 (plus bas du 13/06/2013).
USDCHF La paire USD/CHF a enfin cassé la zone de résistance située entre 0,9919 (plus bas du 07/08/2016) et 0,9950 (27/07/2016). La paire reste dans une dynamique haussière depuis le 15 septembre. Un support horaire se trouve à 0,9733 (base du 05/10/2016), puis à 0,9632 (plus bas de la base du 26/08/2016). La paire devrait poursuivre sa progression. À long terme, la paire évolue toujours au sein d'une fourchette depuis 2011, en dépit de quelques turbulences enregistrées lorsque la BNS avait mis fin au cours plafond du CHF. Un support clé peut se situer à 0,8986 (plus bas du 30/01/2015). La structure technique favorise toutefois un biais haussier à long terme depuis la suppression du taux plancher en janvier 2015.