Les annonces de politique monétaire de la Réserve fédérale et de la Banque du Canada, mercredi, sont les événements les plus importants du calendrier de cette semaine. Après les grands mouvements de lundi, les dollars américain et canadien sont tombés dans des fourchettes de négociation resserrées. Cela contraste avec les actions qui ont été fortement vendues en Asie et qui ont repris leur chute pendant la session de New York avant l'annonce de la Réserve fédérale. La volatilité sauvage sur les marchés boursiers est un signe que les investisseurs sont nerveux quant à l'attitude belliciste des deux banques centrales demain.
On s'attend généralement à ce que la Réserve fédérale annonce une hausse des taux en mars, ce qui donnerait le coup d'envoi à une série de mesures de resserrement. Les dernières fluctuations du marché boursier ont réduit les attentes d'une hausse de 50 points de base lors de la prochaine réunion, mais une hausse de 25 points de base est tout à fait envisageable, avec une prévision d'un resserrement total de 100 points de base en 2022. La dernière consolidation du dollar américain confirme ces attentes, ce qui signifie que pour que le billet vert prolonge ses gains, la Fed doit se montrer très belliciste.
L'inflation progressant à son rythme le plus rapide depuis décembre 1982, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell n'a d'autre choix que de donner le coup d'envoi de la première hausse des taux de la banque centrale depuis 2015. La persistance des pénuries dans la chaîne d'approvisionnement et la vigueur continue des prix des matières premières signifient que l'inflation pourrait rester inconfortablement élevée pendant très longtemps sans réponse politique suffisante. La Fed espérait que l'affaiblissement de la demande ralentirait la croissance, car on observe partout des signes de plafonnement de la reprise, mais ce n'est pas le cas et elle ne peut plus se permettre d'attendre.
La question qui se pose maintenant est celle de la feuille de route.
Si Powell confirme que les hausses de taux commenceront en mars et suggère que la Fed doit contrôler agressivement l'inflation avec plus de quatre cycles de resserrement, le dollar américain devrait s'envoler contre toutes les principales devises. Toutefois, tout ce qui ne va pas dans ce sens pourrait déclencher une reprise des actions et des devises qui réduirait la demande de dollars américains. Powell pourrait laisser entendre que l'inflation pourrait se normaliser rapidement après quelques cycles de resserrement. Il pourrait également souligner que les nouvelles hausses dépendent des performances économiques. M. Powell pourrait également dire que les autorités ne s'engagent pas à l'avance dans un quelconque cycle de resserrement, mais c'est peu probable.
La vraie question est la suivante : de combien l'inflation va-t-elle baisser en réaction aux premières mesures de resserrement ? Et cela sera-t-il suffisant ? Si la Fed pense que la baisse pourrait être rapide et significative, ses orientations pourraient être moins belliqueuses. En revanche, si elle pense qu'il faudra des efforts agressifs pour modifier la tendance des prix, alors une orientation nettement hawkish pourrait être justifiée. L'orientation de la banque centrale déterminera non seulement l'évolution des devises et des actions après le FOMC, mais aussi pour le reste de la semaine.
Les traders du dollar canadien suivront également la réunion de politique monétaire de la Banque du Canada. La BoC fait son annonce avant la Fed demain et la volatilité du CAD est assurée. La majorité des économistes ne s'attendent pas à une hausse des taux ce mois-ci, mais le marché évalue à 75 % la probabilité d'un mouvement d'un quart de point. Le dollar canadien se négocie à la hausse avant la décision sur les taux. Bien que de nombreuses provinces canadiennes aient réintroduit des restrictions lors de la dernière vague de COVID-19, le marché du travail est solide et l'inflation est chaude. Plus précisément, l'emploi est à un niveau record et les prix augmentent à leur rythme le plus rapide en trois décennies.
La Banque du Canada a été l'une des premières banques centrales à réduire ses mesures de relance pendant la pandémie, et comme l'économie se porte bien, elle pourrait surprendre avec une hausse des taux. Si la BoC saute le pas et augmente les taux d'intérêt, USD/CAD pourrait retomber vers 1,25, bien qu'avec la réunion de la Fed quelques heures plus tard, le huard devrait surtout bouger contre EUR, GBP, AUD ou NZD. Si la Banque du Canada ne livre pas la marchandise et laisse les taux d'intérêt inchangés, les investisseurs chercheront à vendre des dollars canadiens.