Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les marchés semblent attendre un krach. Et si la surprise venait du marché des changes ? Plusieurs fronts sont ouverts et menacent l’équilibre déjà fragile du système. Les cryptomonnaies, le change flottant remis en cause ou encore l’or ou le bitcoin comme nouvel étalon sont autant de thématiques qui pourraient conduire à un krach.
Cette semaine, les marchés attendent des nouvelles de la BCE (cet après-mdi). On pourrait d’ailleurs résumer la situation à « les marchés attendent … » tout court. La semaine passée, le mois passé, demain, après-demain et encore la semaine d’après, les marchés attendent… encore et toujours. Au passage, ils alignent les « records », occupant les commentateurs qui ne savent plus comment alimenter leur flux de nouvelles. Des records de quelques points, toujours poussifs mais montrant un soutien sans faille des robots acheteurs.
▶ Sans surprise, pas de krach
Le mois d’octobre voir resurgir le « marronnier » préférés des analystes boursiers : le krach d’octobre 1987. Un krach. Un krach dont tout le monde sait qu’il surviendra. Un krach qui est inévitable tant la valorisation actuelle est délirante d’optimisme.
Mais un krach qui, pour être grandiose, a besoin de « surprise ». (Eh oui un krach n’arrive jamais quand tout le monde s’y attend, c’est d’ailleurs le principe même). Du coup, les marchés attendent, font illusion en allant grappiller quelques points chaque jour pour attirer les retardataires et convaincre les derniers réticents. Oui un krach a besoin de communion, de pensée unique et surtout… de pigeons. Et là il me semble que le pigeonnier est grand ouvert !
▶ Une volatilité au plus bas…
Depuis plusieurs semaines, la volatilité des marchés s’est complètement volatilisée. Ce n’est pas un phénomène nouveau, ces trois dernières années ont vu des records dans ce domaine. Mais à court terme, la phase est impressionnante et parfaitement illustrée par les records du VIX à la baisse.
▶ La hausse tient bon malgré tout
Les réformes de Trump attendues depuis 1 an ne sont pas en place mais déjà pricées depuis son élection. Au Japon, Abe reste au pouvoir et garantit que la planche à billets va encore tourner. En Europe, l’Espagne se déchire, et même certaines régions de l’Italie se verraient bien faire comme la Catalogne ; en République tchèque on a élu un populiste.
A cela, il ne faut pas oublier la Corée du Nord, la Syrie, ou encore le drame humain qui se joue en Birmanie pourtant dirigée par Aung San Suu Kyi, portée aux nues par nos bien-pensants quand elle était résistante et autorisée aujourd’hui à laisser un génocide se produire sur ses terres.
▶ Mais tout ça n’est qu’un détail… pour le marché
Les banques centrales sont là pour maîtriser les flux et anéantir toute forme de résistance. Eh oui ce sont toujours et encore les argentiers de ce monde qui font la pluie et le beau temps. Pour le moment.
Autant les effets sur l’économie réelle seront un jour mis au pilori par les générations futures, autant leur capacité rhétorique à faire illusion est fascinante. Mais la réalité les rattrapera… peut-être dès jeudi avec le comité monétaire de la BCE. Draghi ayant donné rendez-vous au marché, il n’aura pas le droit à l’erreur.
▶ Devises : bouleversements et krach à prévoir ?
Et si la surprise venait du marché des changes ? Plusieurs fronts sont ouverts et menacent l’équilibre déjà fragile d’un système vérolé et calibré pour les États-Unis.
1. Les cryptomonnaies
Effet de mode, peut-être mais une chose est sûre : la volonté derrière ce mouvement est claire : la confiance n’y est plus avec les monnaies classiques. Évidemment, nous n’en sommes qu’au début et les dangers sont à tous les étages mais la dynamique et la volonté sont là. Il y aura des bulles, des ruines et des fortunes avant que les choses se stabilisent. La seule véritable question est : comment les États vont-ils faire pour garder la main sur ce pactole ? Les cryptomonnaies sont une nouvelle preuve que notre système monétaire est en cours d’implosion.
2. Le change flottant remis en cause ?
Les accords de Bretton Woods ont remis en cause l’étalon-or et ont permis la course à l’endettement et à la spéculation que l’on connaît aujourd’hui. Pourtant, une économiste d’Harvard vient de publier une étude illustrant que les bienfaits du change flexible sont surestimés par le FMI. Gita Gopinath pointe du doigt les pays pris au piège dans le « murky-middle » (milieu trouble). En effet, de nombreux pays doivent tout de même déprécier leur devise pour lutter contre des appréciations trop fortes et risquent de se faire dépasser par les spéculateurs, donc déséquilibrer leur économie. En clair, ce « milieu trouble » est composé de pays qui ne sont ni tout à fait en change flexible, ni tout à fait en change fixe… Au milieu du nulle part quoi …
3. L’or ou le bitcoin comme nouvel étalon ?
Hum… Le camp du « bien » et ses changes flottants pourrait se trouver rapidement dépasser par le camp du « mal » des change fixes, Chine en tête : ces pays ont eu la bonne idée de constituer des réserves colossales de monnaies et d’or. La Chine est également très active sur le plan pétrolier après un accord avec l’Arabie saoudite et le lancement d’un contrat libellé en yuan. Alors… imaginez juste un instant… Si nous devions revenir à l’étalon-or (ou équivalent), que vaudrait votre monnaie ou même un dollar ? Sans doute à peine quelques bitcoins…
Alors ne vous laissez pas endormir par vos graphiques boursiers …
Protégez-vous. Maintenant.