Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les derniers développements de l’interminable guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis et la Chine sont encore venus semer le trouble sur les marchés actions. Si vous avez passé un week-end loin de vos écrans et de ce tumulte (ce que je vous souhaite), je vous soumets un bref résumé de la situation. Ambiance !
En fin de semaine dernière, l’Empire du Milieu a annoncé l’instauration de nouveaux droits de douanes sur 75 Mds$ de produits américains, en deux tranches distinctes de 5 et 10% et avec une mise en application (en fonction desdits produits) au 1er septembre puis au 15 décembre.
Il s’agit en fait d’une mesure de rétorsion à l’endroit de l’administration Trump, qui début août avait pour sa part décrété 10% d’augmentation des droits de douane sur 300 Mds$ d’ importations chinoises. En deux tranches là aussi, l’une prenant effet au 1er septembre et l’autre au 15 décembre…
Pékin a donc « cal(qu)é » son calendrier sur Washington.
Toujours vendredi dernier, le ministère chinois des Finances a également annoncé une surtaxation de 25% sur les automobiles américaines, à laquelle Donald Trump a répliqué par un relèvement de 5% supplémentaire du niveau des taxes… tout en ordonnant aux entreprises américaines opérant en Chine de chercher des alternatives pour quitter le pays.
De manière assez surprenante, les marchés européens ne semblent pas accuser le coup à ce stade, comme en témoigne l’ouverture quasi-stable du CAC40 ce lundi. Il pourrait toutefois s’agir d’un « artifice », considérant le décrochage de l’indice phare sur des niveaux de 5 250/5 260 points en préouverture. Une baisse effacée comme par magie (algorithmique) en l’espace de cinq minutes.
Cela étant, les 5 250 points sont justement la zone du support technique identifiée dans le point hebdomadaire de la fin de semaine dernière….
Tem-po-ri-ser !
Maintenant, il est probable que l’on s’achemine vers une nouvelle vague de guerre de « communication » pour tenter de sauver ce qui peut l’être. On vient ainsi d’apprendre que la Chine se tenait prête à rouvrir les négociations avec les Etats-Unis, une information qui tranche avec les uppercuts assénés à tour de rôle enfin de semaine dernière.
Ces dispositions plus apaisées auraient le mérite de calmer les marchés, mais des marchés qui joueraient une nouvelle fois la rumeur.
Alors que faire dans un tel sac de nœuds, avec force revirements susceptibles de s’enchaîner à un rythme effréné et donc de faire basculer les indices dans un sens comme dans l’autre ?
La première chose à faire est de temporiser, c’est-à-dire de respecter ses plans de trade et donc de bien assurer ses positions en veillant à placer des stops. Le risque est évidemment de prendre en pleine face des portes de saloon à répétition en fonction de la suite qui sera donnée à ces évènements, mais mieux vaut tout de même se faire « sortir » par un stop que de se laisser emporter par le marché au cas où ce dernier déciderait pour l‘une ou l’autre raison de reprendre une direction claire.
Dans l’immédiat, pour tenter de donner un point de repère dans ce capharnaüm, je serai pour ce qui me concerne très attentif à la réaction des marchés obligataires, en prenant par exemple le dix ans américain (plus exactement le future), qui arrive à la conjonction de deux résistances obliques (« RO1 » et « RO2 » sur le graphique ci-dessous).Je rappelle en effet que dans ce compartiment, si les futures montent, c’est que le rendement baisse, ou tout au moins que le marché table sur leur repli.
Or, si les rendements remontent (et donc que les futures baissent), il s’agira alors d’un signal négatif envoyé par le marché. Un vrai signal dont il faudra se méfier.
Voilà donc pour aujourd’hui. Le mieux, en tout cas le plus sage à mon sens, étant de ne pas jouer avec le feu dans ce marché particulièrement instable…
Gilles