De toute évidence, de mauvais chiffres économiques semblent être la clé d'une intervention accrue par les banques centrales. Les marchés appellent de tous leurs vœux un nouvel assouplissement et une autorité capable de maîtriser la situation face à la discorde régnant en Europe et à l'approche des élections américaines. Le PMI manufacturier chinois s'est contracté pour la première fois depuis novembre 2011, à 49,10. Après s'être remis de sa chute à 38,80 en 2008, il a suivi une tendance baissière en dents de scie. L'AUD s'est de nouveau replié face à tous ses homologues du G10. Il a accusé ses pertes les plus importantes vis-à-vis du dollar (-0,74 %) et du yen (-0,61%) après l'annonce du ralentissement des commandes en produits agricoles chinois ainsi que du glissement des ventes de détail et des résultats d'exploitation des entreprises en Australie.
Les ventes de détail sont ressorties à -0,8 % m/m contre +0,2% de consensus, tandis que les résultats d'exploitation se sont établis à 0,7% contre 1 % attendu. Les marchés actions asiatiques se sont orientés à la hausse, les indicateurs économiques actuels montrant la nécessité d'une nouvelle intervention par le Premier ministre Wen Jiabao afin d'éviter l'effondrement de l'économie chinoise et par ricochet, la mise à mal de l'économie de ses partenaires commerciaux tels l'Australie et le Japon. Le Shanghai Composite a progressé de 0,53%, suivi de près par le Hang Seng en hausse de 0,38 % à 6h55 GMT. L'ASX 200 australien a également été poussé à +0,31% par les espoirs d'une injection accrue de liquidités. Le Nikkei 225 s'est en revanche replié de 0,63 % à 8783,89, plombé par la baisse de 7,70% des dépenses d'équipement des entreprises après leur forte augmentation sur deux trimestre d'affilée. Le yen s'est apprécié contre la plupart de ses rivaux, notamment contre le dollar pour la troisième séance consécutive.
Lors du symposium tenu à Jackson Hole ce week-end, Ben Bernanke a souligné que la santé de l'économie américaine était encore "loin d'être satisfaisante". Ses collègues, membres votants ou non, l'ont ouvertement soutenu et ont appelé à des achats d'obligations illimités. James Bullard (Fed de Saint Louis) a estimé que la banque centrale devait être capable de "réagir aux données de façon graduelle et ne pas se trouver dans une situation où il faut lâcher une bombe ou ne rien faire". Comme nous l'avions prévu dans notre bulletin de vendredi, le président de la Fed a indiqué que le niveau atteint par le chômage aux Etats-Unis était sérieusement inquiétant et justifiait le recours à des politiques non conventionnelles. Les indices boursiers américains ont bondi dans le sillage de son discours. Le DJIA a clôturé en hausse (+0,69%), de même que le NASDAQ (+0,60 %) et le S&P 500 (+0,51%). Selon nous, les marchés devraient être déçus cette semaine par la conférence de presse de Mario Draghi, où il abordera ses projets destinés à faire baisser les rendements des dettes espagnole et italienne.
Rappelons que la BCE ne peut intervenir de son propre chef : les gouvernements devront demander l'aide officielle de la banque centrale. Mariano Rajoy a cependant déclaré qu'il attendait l'annonce du 6 septembre avant d'évaluer la nécessité d'un plan d'aide. Nous y voyons un échange stérile qui pourrait aboutir à une impasse et qui vise sans doute à donner du temps aux responsables politiques. D'après nous, seule une hausse des rendements à des niveaux insoutenables pourrait faire bouger les choses. Le taux à 10 ans des obligations souveraines espagnoles a pris 752 points de base depuis le 22 juillet, tandis que ceux des BTP italiens ont augmenté de 250 pb.
Léa Torbey Meouchi pour Swissquote