Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
A 48 heures de la séance des trois sorcières, il semble assez évident que les indices boursiers ne lâcheront rien.
Ils sont carrément « bullet proof » : la première munition qui aurait pu les stopper net dans leur élan, la flambée des rendements obligataires, a juste produit un bref bing sur l’armure en titane des marchés financiers.
Aux États-Unis, la journée de mardi pourrait avoir marqué un tournant : le rendement des T-Bonds US à 10 ans a pulvérisé la résistance des 3,04% de fin décembre 2013 pour se hisser à 3,11% ce matin, son pire score depuis fin juin 2011. Le 2 ans, de son côté, vient flirter avec les 2,6%.
Mais après tout, est-ce que 3,11% fait une vraie différence par rapport à 2,99% (lundi) ? Est-ce que 2,6% bouleverse des stratégies jugées encore pertinentes à 2,5% une semaine plus tôt ? Finalement, peut-être que des taux à 3 mois offrant 1,92% de rendement (sans risque) quand les actions du S&P500 ne rapportent pas plus de 1,89% (et leur valorisation est incandescente) finiront par provoquer une sorte de prise de conscience.
Et si la balle des taux fut trop légère pour pénétrer l’armure, alors peut-être que les balles du front géopolitique, de plus gros calibre, provoqueront de plus gros dégâts.
▶ Le luxe fait oublier les conflits
Le torchon brûle entre Erdogan et Netanyahou, entre Tel-Aviv, Téhéran et Washington, et les pourparlers de paix entre Kim Jong-un et Donald Trump à Singapour fin juin pourraient être balayés d’un simple tweet. En pleines tractations sur la dénucléarisation, la Corée du Nord n’a pas apprécié les manœuvres militaires conjointes entre les États-Unis et la Corée du Sud, Alors que Pyongyang parlait de fermer ses sites d’expérimentation, qui de toute façon sont devenus inutilisables après une série d’effondrements post essais souterrains, quel serait désormais l’enjeu d’une rencontre ?
Les bruits de bottes turcs au Kurdistan syrien, les snipers israéliens, les caciques nord-coréens en uniforme… Tout cela renvoie une image du monde que les marchés ont sans doute très envie de chasser de leur esprit.
Et le remède à toute cette noirceur semble résider dans le monde du rêve éveillé et de la superficialité, c’est-à-dire dans le secteur du luxe qui grimpe vers de nouveaux firmaments boursiers. Guillaume vous a parlé dans son introduction de LVMH (PA:LVMH) (1e capitalisation du CAC40) et de Kering (PA:PRTP) (meilleur performer du SBF 120 sur les deux dernières années écoulées), dont les profils graphiques ne sont comparables qu’avec un Amazon (NASDAQ:AMZN) ou un Nvidia.
Les nouveaux records établis à la marge par le CAC40 GR à 14 360 mardi et 14 400 mercredi sont tout entiers à mettre au crédit de nos deux champions mondiaux du plaisir de paraître. En ce qui nous concerne, détenir des titres offrant moins de 1% de rendement quand du T-Note 3 mois rapporte presque le double aux États-Unis… voilà un luxe que nous ne pouvons guère nous permettre, ou alors juste pour les prochaines 24 heures !