Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Presque délirante sur le papier, l’estimation d’un bitcoin autour de 320 000 $ émane pourtant d’un grand nom de la finance. Faut-il y croire ? Eléments de réponse avec notre spécialiste des cryptomonnaies Mathieu Lebrun.
Arrêtez tout ! Le bitcoin sera à 318 000 $ l’an prochain ! Tel est en tout cas l’avis de Tom Fitzpatrick, qui n’est ni un inconnu, ni un perdreau de l’année puisqu’il s’agit du directeur général de Citibank. Ce dernier voit très grand pour la plus illustre des cryptomonnaies, qui atteindrait de surcroît ces niveaux non pas dans quinze ou même dix ans, mais dès la fin de l’année prochaine !
A en croire M. Fitzpatrick, le « BTC » serait actuellement au même stade que la relique barbare au début des années 1970, c’est-à-dire aux prémisses d’une mini-révolution. Il y a un peu moins d’un demi-siècle, en 1971, Richard Nixon annonçait en effet la fin de l’étalon or. A l’époque, l’once de métal fin cotait tout au plus quelques centaines de dollars (cf. le rectangle noir + la flèche verte sur le graphique ci-dessous). Depuis lors, la hausse n’a eu de cesse de s’intensifier, davantage ces dernières années avec les interventions massives des banques centrales.
Pour la petite histoire, mon confrère Eric Lewin avait par ailleurs parfaitement senti le « boom » de ces derniers mois sur les métaux précieux et offre la possibilité, dans son service MicroCaps Fortune, de se positionner sur des produits à même de surperformer la hausse de leurs cours.
Mais revenons-en aux cryptomonnaies. Du strict point de vue de l’analyse technique, attendu que M. Fitzpatrick a eu recours à l’analyse technique de long terme sur le bitcoin pour parvenir à une telle estimation (et pour viser les 8 000 $ l’once de métal fin d’ici trois ans), rien n’est impossible sur les marchés financiers. Cette année 2020 absolument hors norme nous l’a d’ailleurs encore prouvé…
Rêvons (un peu !) moins grand
Pour autant, je vois quand même mal le bitcoin aller aussi haut et surtout aussi vite dans un laps de temps aussi court… J’en veux pour « preuve » ce deuxième graphique, pris cette fois en base mensuelle et dans une échelle logarithmique, ce qui est essentiel voire décisif pour cet actif :
Un bas de canal ascendant (visible en pointillés noirs + flèches de couleur) assorti à une sortie de range horizontal (visible cette fois en rectangle grisé) permettent d’envisager de nouveaux records, mais dans une zone comprise entre 35 000 et 40 000 $, objectif théorique obtenu par report d’amplitude (cf. les flèches noires à double sens).
A posteriori, la cible en haut de canal serait située autour des 100 000 $, soit le contact avec sa borne haute. Toutefois, au-delà, les 318 000 $ (qui impliqueraient donc une sortie par le haut dudit canal ascendant) me semblent relativement éloignés… surtout d’ici un an.
Plus largement, dans la sphère financière, quand un actif connaît un fort décalage, un biais comportemental pousse certains investisseurs à littéralement « faire exploser les compteurs ». D’une manière générale, cela m’a toujours fait sourire de voir que ce type de projections pour le moins optimistes interviennent le plus souvent après de belles envolées. Celle-ci ne fait donc pas exception à la règle…
Rétrospectivement, pourquoi ne pas avoir fait état de telles perspectives quelques semaines ou même quelque mois plus tôt, et pas quand le « BTC » vient de prendre plusieurs milliers de dollars pour renouer avec ses records de la fin 2017 ? La question mérite d’être posée, mais pour ce qui me concerne, je n’ai pas attendu l’emballement actuel pour me positionner, comme en témoignent les deux lignes ouvertes sur le bitcoin dans le service Cryptos Trading cet été et au début de l’automne.
Le solde sur la première avoisine par exemple les 100 % de gains latents… et ce n’est sans doute pas terminé !