Si la plupart des devises émergentes sont mises sous pression sur le marché des changes, que ce soit le réal brésilien ou le rouble en passant par la livre turque et le bolivar vénézuélien, il en est une qui tire assurément son épingle du jeu: le peso mexicain.
Depuis le 1er janvier, la devise de la seconde économie d’Amérique latine affiche en effet une hausse de 7% face à l’euro.
Jusqu’il y a peu, le peso connaissait pourtant une évolution similaire à celle des autres devises émergentes, fortement fragilisées par le resserrement monétaire en vigueur aux États-Unis, rendant les placements en dollars plus rémunérateurs, mais aussi, et cela concerne singulièrement la monnaie mexicaine, les tensions commerciales avec les États-Unis.
Faut-il rappeler que depuis son investiture, Donald Trump entend revoir le traité d'accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui lie depuis 1994 les deux pays (ainsi que le Canada) ? Une réelle menace pour l’économie mexicaine, lorsqu’on sait que près de 80% de ses exportations sont destinées aux Etats-Unis.
Indépendamment de ces menaces qui planent, la tendance s’est complètement inversée sur le marché des changes, suite à la victoire en début de mois d’Andrés Manuel López Obrador, le candidat du parti de gauche arrivé largement en tête du scrutin présidentiel.
Depuis le 1er juillet, date qui nous sépare du verdict des élections, le peso s’est ainsi apprécié de plus de 10% face à la monnaie unique, lui permettant au passage de s’inscrire en territoire positif cette année, à 22 pesos pour un euro.
S’il pourrait s’agir de rachats à bon compte, alors que de l’avis de nombreux analystes, la devise aurait été survendue ces derniers mois, les marchés ont visiblement été rassurés quant à la politique que devrait mener l’ex-homme fort de Mexico, dont l’élection met fin à la toute-puissance du parti de centre droit, le PRI, au pouvoir depuis 77 ans.
Les craintes qu’il ne fasse un virage à gauche et poursuive des politiques anti-marchés radicales se sont manifestement tassées, le nouveau Président ayant assuré qu’il adopterait des politiques favorables au marché et respecterait l’indépendance de la Banque centrale.
A l’heure actuelle, rien ne dit bien sûr que le rally haussier de la devise mexicaine va continuer, tant il est délicat des prédire l’évolution d’une devise. Une chose est sûre, les incertitudes entourant l’évolution de l’ALENA devraient reprendre le dessus et perdurer jusqu’aux élections de mi-mandat en novembre aux Etats-Unis.
Si Lopez parvient à adoucir l’accord en faveur du marché du travail et du commerce mexicain, le peso mexicain pourrait s’apprécier.
On rappellera que face aux menaces de son grand voisin nord-américain, le peso a pu compter sur l’interventionnisme de la Banque centrale mexicaine, qui a relevé à plusieurs reprises ses taux d’intérêt, actuellement à 7,75%, pour rendre sa devise plus rémunératrice et plus attractive aux yeux des investisseurs étrangers.
Diversifier son épargne en MXN ?
Comme évoqué précédemment, depuis la victoire d’Andrés Manuel López Obrador, le peso ne cesse en tous les cas de susciter l’intérêt des investisseurs, poussant les niveaux peso/euro et peso/dollar à des plus hauts de l’année.
Si vous souhaitez diversifier votre épargne dans un placement libellé peso, et tabler sur une éventuelle appréciation future de la devise, vous trouverez de nombreuses possibilités d’investissement dans notre sélection.
Il y a par exemple cette obligation remboursable en octobre 2019 émise par l’International Bank for Reconstruction and Development.
Sur base d’un cours actuel de 96,73%, le rendement annuel jusqu'à l'échéance atteint 8,13%.
L’emprunt bénéficie du meilleur rating accordé par Standard & Poor’s, soit « AAA », et est accessible par coupures de 1.000 pesos mexicains (+/- 45 euros).
L'obligation de la Banque Européenne d'Investissement au taux de 6,5% et échéant en 2027 consiste en une autre possibilité d'investissement. Compte tenu d'un cours de 90,78%, son rendement est porté à 7,98%.