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L’Italie continue d’inquiéter les marchés, avec une incertitude politique pesante, après de nouveaux rebondissements le weekend dernier et aujourd’hui.
Rappelons tout d’abord que les élections législatives du 4 mars dernier n’ont débouché sur aucune majorité claire, et donc avec l’obligation de former une coalition.
C’est finalement une alliance que certains qualifient « d’improbable » entre la Ligue, dirigée par Matteo Salvini, et le Mouvement 5 Etoiles, de Luidi Di Maio (qui avaient publiquement exclu de gouverner ensemble précédemment) qui a été mise sur pied, après de difficiles négociations entre les deux partis.
Mercredi dernier, ces deux partis sont mis d’accord pour la nomination d’un Président du Conseil (équivalent de Premier Ministre) : Giuseppe Conte, juriste de 53 ans novice en politique. Celui-ci a alors commencé à travailler à la formation d’un gouvernement de coalition.
Une proposition de gouvernement (la liste des Ministres) a été présentée au Président Sergio Mattarella le weekend dernier, et celui-ci l’a rejetée catégoriquement, en raison de la nomination de Paolo Savona, économiste de 82 ans et eurosceptique déclaré, au poste clé de Ministre de l’Economie.
Le Président Mattarella a en effet déclaré :
" Monsieur Conte m'a présenté une liste que j'ai acceptée en tous points, à l'exception du choix du ministre de l'Économie. Dans mon rôle de garant, je ne pouvais pas accepter un choix qui aurait pu conduire à la sortie de l'Italie de l'euro et provoquer les inquiétudes des investisseurs italiens et étrangers. Il est de mon devoir d'être attentif à la protection de l'épargne italienne, qui est la garantie de protéger la souveraineté de l'Italie."
Face à ce véto du Président italien, Giuseppe Conte a donc jeté l’éponge avant même d’avoir pris ses fonctions de président du Conseil, plongeant l’Italie dans une « crise institutionnelle », avec la perspective de l’organisation de nouvelles élections à l’Automne, sans garantie que les résultats diffèrent…
Dans l’attente, le président Mattarella a nommé Carlo Cottarelli au poste de président du Conseil. Cet économiste et ancien haut responsable du FMI avait été chargé de diminuer les dépenses publiques en 2013, et affiche donc un profil qu’on pourrait penser de nature à rassurer les marchés.
Toutefois, cela n’aura que peu d’impact sur la politique italienne, puisque sans l’aval du Parlement, il ne pourra que gérer les affaires courantes, dans l’attente de nouvelles élections.
Les marchés ne semblent d'ailleurs pas dupes à ce sujet, si l’on en croit la hausse des taux italiens, et la forte chute des bourses.
Le taux à 10 ans des obligations d'Etat italiennes a pointé aujourd’hui à 2.697%, au plus haut depuis octobre 2014. De son côté, l’indice FTSE MIB affiche une baisse de plus de 2% à l'heure où cet article est rédigé.
La crise politique italienne a donc de bonnes chances de faire de nouveau parler d’elle. A court terme cependant, les choses devraient vite se calmer, avec un statut quo dans l’attente de nouvelles élections, probablement en septembre. A ce moment, la politique italienne devrait donc revenir sur le devant de la scène.
Il faudra alors se demander si les italiens vont confirmer leurs choix populistes, ou au contraire faire un choix plus policé, après avoir entrevu les potentielles conséquences désastreuses sur les marchés italiens de la mise en place d’un gouvernement eurosceptique.
En effet, l'Italie est le second pays le plus endetté de la zone euro, à 162% de son PIB. Une trop forte sanction sur les marchés obligataires prendrait le pays à la gorge financièrement, avec à la clé la possibilité d'un scénario comparable à celui de la Grèce il y a quelques années, avec 3 plans de sauvetage de la BCE, du FMI et de l'UE, qui ont à peine réussit à sauver le pays de la faillite...
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