Mercredi dernier, 26 millions de Sud-africains étaient invités à se rendre aux urnes pour le premier tour des municipales. Incapables de remporter la majorité dans plusieurs grandes villes, Jacob Zuma et son parti l’ANC sortent affaiblis du scrutin.
Au pouvoir depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’ANC vient de subir un revers électoral historique. Le parti dirigé par Jacob Zuma, qui est aussi l’actuel président du pays, a signé avec 54% des voix son score le plus faible depuis qu’il est aux affaires.
Même à Pretoria, la capitale qu’il détenait depuis 22 ans, l'ANC a été devancée par le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), qui a également remporté la Nelson Mandela Bay, sixième métropole du pays englobant le grand port industriel de Port Elizabeth.
Pour de nombreux analystes, il s’agit d'un vote sanction pour le président Zuma, dont l’image est sérieusement écornée depuis un petit temps. Mis en cause pour avoir effectué des travaux avec des fonds publics dans une résidence privée, Zuma a même fait l’objet d’une demande de destitution début avril, lors de laquelle la Chambre basse du Parlement sud-africain s’était prononcée, par 233 voix contre 143, contre la destitution du président.
Alors que l'opposition a fait campagne en promettant de résoudre la corruption, les négociations vont déjà bon train dans de nombreuses municipalités. Très courtisé, puisqu'avec 8% des voix au niveau national il peut faire basculer presque n'importe quelle majorité, le leader du parti de gauche radical Julius Malema a déjà fait savoir qu’il ne négocierait avec l’ANC que si Jacob Zuma quittait le pouvoir.
Croissance nulle en 2016
Outre ce contexte politique tendu, le pouvoir en place doit faire face à la morosité économique ambiante. Dernièrement, la Banque centrale sud-africaine a d'ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance, à 0% contre 0,6% précédemment attendu.
L'économie sud-africaine, la plus industrialisée du continent, tourne au ralenti depuis quelques années, en raison notamment de la chute des cours des matières premières liée au ralentissement de la croissance en Chine, son principal partenaire économique.
Le pays est également handicapé par un fort taux de chômage (26,7%) et par la pire sécheresse depuis un siècle. L'incertitude créée par le Brexit est une autre donnée qui a poussé la Banque centrale à abaisser ses prévisions. Le principal taux directeur se situe lui à 7%, en dépit des incertitudes concernant l'inflation à 6,3%.
Le rand en hausse sur le marché des changes
Sur le marché des changes, la devise sud-africaine est plutôt bien orientée depuis l’annonce des résultats électoraux, les cambistes tablant peut-être sur un changement de politique. Il est à noter que depuis le 1er janvier, le rand affiche une hausse proche des 10% face à l’euro.
Parmi d'autres: l’emprunt de la banque publique allemande KfW, noté « AAA », remboursable en janvier 2019 et assorti d’un coupon fixe de 7%. Cette obligation est disponible à l’achat à un cours de 98% du nominal, soit un rendement annuel jusqu’à l’échéance de 7,90%. La coupure est fixée à 5.000 rands pour une taille émise de 300 millions.