Les biotechs : aussi risquées qu’extraordinairement profitables. La preuve.
Vous allez encore m’accuser de vilipender le secteur des biotechs, mais franchement : vu les dernières nouvelles publiées par les sociétés, j’ai vraiment raison d’être très prudent sur ce secteur.
Jetez un œil au cas de Valneva (PA:VLS) (FR0004056851). Ce spécialiste des vaccins et des anticorps a annoncé que sa molécule contre le Pseudomonas Aeruginosa (bactérie pouvant conduire à des maladies nosocomiales) avait échoué en phase 2-3. Cette molécule n’atteint ni son critère principal, ni l’un de ses critères secondaires majeurs. Sans rentrer dans les détails, le médicament ne verra jamais le jour. GlaxoSmithKline n’exercera donc pas son option et n’assurera pas le développement du produit.
Conséquence : l’action Valneva, déjà en berne depuis des mois, n’a cessé de perdre du terrain depuis début juin. Le titre a chuté de plus de 20% en une semaine, de 65% depuis son plus-haut de 2014…
Si ce n’est pas la mort immédiate de la biotech, disons que l’arrêt d’un candidat médicament change évidemment la modélisation financière de la société, encore valorisée en Bourse 188 M€.
Le cas de Neovacs (FR0004032746) est différent, mais peut-être aussi grave. La biotech va lancer une augmentation de capital de l’ordre de 8 à 9 M€ afin de couvrir ses besoins de trésorerie sur les 12 prochains mois… Il ne restait plus à la société que 5 M€ dans les caisses ! Très insuffisant, puisqu’on sait que la société doit financer les coûts d’essais cliniques, précliniques et industriels externes pour le traitement du lupus dans le cadre d’une étude de phase 2b.
Je ne suis pas sûr que ces histoires de Phase d’essais cliniques vous parlent, alors voici, schématiquement, les différentes étapes qu’une biotech doit franchir avant de pouvoir commercialiser son médicament :
Donc Néovac, avec sa Phase 2b, est encore loin de la mise sur le marché de son médicament, et la biotech a besoin d’argent pour poursuivre. Or ce qui m’inquiète, c’est qu’il faudra encore beaucoup d’argent pour qu’un médicament soit commercialisé la levée de fonds suffira-t-elle à tenir plus de 12 mois ? Faut-il craindre un nouvel appel au marché ?
Bref, il y a encore beaucoup, beaucoup d’interrogations.
En ce moment, évitez de revenir sur le secteur. D’ailleurs, les dernières IPO me confirment dans mon jugement (j’en ai fait une vidéo en mai, je vous invite à la regarder). Geneuro (CH0308403085), le spécialiste de la sclérose en plaques, a été introduit à 13 € en avril dernier avec une levée de fonds de 33 M€. L’action ne vaut plus que 10,18 €. Difficile également pour Asit Biotech (BE0974289218), positionné sur des produits d’immunothérapie destinés au traitement des allergies. Si la baisse est moindre, il faut rappeler que le titre, introduit à 7 € au mois de mai, ne vaut plus que 6,40 €.
MAIS, et oui, il y a un grand « mais » : les biotechs peuvent, j’en ai encore la preuve dernièrement, être un vrai Jackpot. Encore faut-il s’y connaitre et savoir les choisir. Mais regardez ce que vient de faire Ray Blanco, notre spécialiste des biotechs américaines.
En janvier 2015, il y a 18 mois, il recommande la petite biotech EXELIXIS. Elle cote alors à peine 2 $. Il la suit, connait le dossier par cœur, suit les différentes phases et étapes d’essais cliniques. Bien des fois, il a des sueurs froides car le marché doute du succès du cabozantinib, son traitement contre le cancer du rein.
Regardez comment le titre s’effondre, avec la chute des marchés et surtout des biotechs, entre septembre : le titre passe de 7 $ à 3,75 $… perdant quasiment 50%. ET c’est là qu’il faut savoir quand tenir ou quand lâcher : Ray Blanco est expert sur les biotechs ; c’est-à-dire qu’il comprend parfaitement les implications scientifiques, médicales et commerciales des traitements qui sont en essais. Sur EXELIXIS, il a conseillé à ses lecteurs de tenir bon… et c’est vrai que le conseil fut payant, avec un gain de 290% à la clé.
Si je vous parle aujourd’hui de cet exemple, c’est parce que l’alerte de vente de ce gain de +290% est tombé dans ma boite email, lundi, alors même que j’étais en train de rédiger une critique des biotechs. Il m’a donc semble plus honnête de vous en parler et de vous dire de ne pas investir sur des biotechs parce que c’est la mode ou parce que vous avez eu un communiqué (publicitaire) attirant. Si vous investissez sur des biotechs, vous devez absolument suivre l’avis de gens qui s’y connaissent.