Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Lorsque vous discutez des secteurs à éviter actuellement avec les gérants, ces derniers citent bien entendu l’aérien, l’automobile, les banques, le tourisme, mais aussi les foncières dites commerciales, c’est-à-dire celles qui sont propriétaires des centres commerciaux.
Et pour cause : ces grands complexes n’ont pas tous rouvert et, avec le confinement, un grand nombre de ménage se sont tournés vers l’e-commerce. Alors que la pandémie est encore loin d’être endiguée, la défiance est de rigueur, d’où d’importantes dépréciations d’actifs à prévoir.
Plus largement, il est permis de réfléchir sur la notion même d’actif net dans le contexte actuel, et il ne fait guère de doute que de nombreux baux commerciaux seront renégociés au cours des mois à venir.
De leur côté, les autorités ne desserrent pas l’étreinte, comme l’ont montré les propos du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui, il y a quelques semaines, a expressément demandé aux foncières de consentir des efforts en matière de paiement des loyers.
Bref, l’horizon s’est nettement assombri, les objectifs annuels n’ont plus lieu d’être et les raisons ne manquent pas pour expliquer le recul de plus de 54% de l’action Klépierre (PA:LOIM) en l’espace de trois mois. Quand bien même le groupe ne ménage pas sa peine pour diminuer les dépenses d’exploitation, avec par exemple la baisse de 30% des rémunérations fixes de ses principaux dirigeants…
Unibail-Rodamco (AS:URW) bientôt mûre pour un rebond ?
Le titre Unibail-Rodamco a quant à lui fondu de quelque 70% au cours des trois derniers mois, d’où une capitalisation de l’ordre de 5,8 Mds€ parmi les plus faibles du CAC40, seules celles de Publicis (PA:PUBP), Accor (PA:ACCP) et Renault (PA:RENA) étant aujourd’hui inférieures. L’action offre bien sûr une gigantesque décote par rapport à l’actif net par action de 199,2 €, mais, établi en fin d’année dernière, celui-ci n’a plus lieu d’être.
Pour autant, même en le dépréciant de 50%, soit un actif net de l’ordre de 100 €, ce montant est encore plus de deux fois supérieur au cours de l’action Unibail-Rodamco. Quant au dividende, qui a été divisé par deux à 5,40 € au titre de 2019, il procure un rendement intéressant de l’ordre de 12%. Et en tablant sur une nouvelle division par deux pour 2020, le rendement s’établit à 6%, ce qui n’est pas non plus négligeable…
Mon propos n’est pas de vous faire acheter la valeur, mais plutôt de vous faire comprendre que si les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, ils ne descendant pas davantage jusqu’aux entrailles de la Terre. Au surplus, l’implantation d’Unibail-Rodamco en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, où la foncière détient de gigantesques centres commerciaux, constitue un beau motif d’espoir.
A l’arrivée, autant je m’interroge sur l’avenir des petites foncières commerciales, qui pour nombre d’entre elles n’ont pas les reins solides, autant un rebond est sûrement à prévoir chez les poids lourds du secteur. Sans doute pas assez prononcé pour rattraper tout le terrain boursier perdu, mais suffisamment pour ambitionner des plus-values de l’ordre de 20 à 25%.
Reconnaissons qu’une telle approche n’est pas du tout « tendance », mais être contrariant n’est pas toujours une mauvaise idée. Surtout dans des périodes marquées par de grandes incertitudes, comme celle que nous vivons actuellement.