Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Nous ne savons pas si le marché manifeste une sorte d’instinct ou si les « maîtres des algorithmes » ont identifié une sorte de niveau d’équilibre entre les différents risques (récession, recul des profits, déflation) et les opportunités (argent moins cher et plus abondant). Après une première semaine du mois de juin tonitruante, les indices boursiers s’engagent quoi qu’il en soit dans une phase de « camisole algorithmique » qui gèle littéralement la volatilité.
Mais si le second semestre pourrait être celui du ralentissement de l’activité, il n’est manifestement pas question pour autant de réduire l’exposition aux actions, dont la prime de risque vient il est vrai de se rétablir de façon spectaculaire, à la lumière des anticipations de détentes de taux pour les neuf prochains mois (trois voire quatre gestes d’assouplissement sont attendus de la part de la FED).
Des volumes très réduits…
Il s’agit néanmoins d’un raisonnement très court-termiste, avec des acheteurs qui appliquent mécaniquement une survaleur immédiate aux titres cotés, sur la base des cours affichés avant que les banques centrales se déclarent prêtes à sortir la grosse artillerie (celle à laquelle elles sont supposées recourir quand la situation devient ultra-critique).
Les volumes négociés lors du récent rebond du début de mois témoignent par ailleurs du peu d’engouement réel pour les actions et du caractère peu discriminant des achats. Ces derniers s’effectuent de surcroît majoritairement par le biais des ETF… ou correspondent à l’exécution de programmes de rachats de titres (« buybacks ») par le biais du levier de l’endettement bon marché (et qui le sera plus encore d’ici quelques semaines).
Alors certes, la FED et la BCE promettent que le sac à dos – la charge des intérêts – sera moins lourd à porter, mais le voyageur devra tout de même affronter intempéries, ravins et sols glissants, aussi sa marche devrait in fine être bien plus périlleuse que s’il avait dû supporter un poids un peu plus élevé, mais sur du plat et par grand beau temps.
… et une FED qui s’entête dans l’erreur
En d’autres termes, et comme l’a rappelé l’ex-secrétaire américain au Trésor (sous Bill Clinton) Lawrence Summers, la FED en revient toujours aux même recettes qui conduisent aux mêmes désastres: « inflater » le prix des actifs et créer une succession de bulles de crédit dont l’explosion est à chaque fois plus dévastatrice.
Mais c’est là le prétexte pour les banques centrales de justifier leur statut de prêteur en dernier ressort et d’accomplir la mission qu’elles préfèrent : déverser de nouvelles cataractes de liquidités, sous les vivats de la sphère financière et des médias économiques qui encensent les sauveurs au lieu de dénoncer les pompiers pyromanes.
Mais cette fois-ci, et avant même que l’économie ne rentre en récession, elles ont déjà engendré une détente des taux et une inversion de courbe digne d’une séquence de crise de l’automne 2008.
A cette énorme différence près que les indices boursiers ne gravitent pas 30% en-deçà de leurs sommets comme ce fut le cas il y a 11 ans, mais ne s’en sont pour l’instant éloignés que de 3%… et même de 2% en ce qui concerne le S&P500, et 1,5% s’agissant du CAC40 « GR ».
Si le CAC40 devait renouer avec les 5 440 points, le CAC40 GR (qui, pour rappel, intègre les dividendes) égalera alors son record absolu des 14 820 points inscrit le 29 avril dernier… pour la matérialisation d’un potentiel double-top d’anthologie.