Kathy Lien, directrice générale de la stratégie de devises pour BK Asset Management
La semaine dernière a été excellente pour le dollar américain, qui s’est redressé par rapport à toutes les principales monnaies, à l’exception de la livre sterling, dont les données britanniques sont plus solides. La hausse du dollar s’explique principalement par les données américaines meilleures que prévu. Les ventes au détail ont dépassé les prévisions, tandis que la croissance de l'IPC sur douze mois se rapprochait de l'objectif de 2% de la banque centrale. Ces rapports confirment les récents commentaires du président de la Fed, Jerome Powell, sur la résilience de l’économie et son évaluation positive du marché du travail. Ce qu’elle ne fait pas, c’est réduire les chances d’assouplissement. Les contrats à terme sur fonds fédéraux prévoient toujours à 100% une réduction de taux d'un quart de point le mois prochain. Il sera donc très difficile pour les haussiers en dollars de garder le contrôle. Jusqu’à présent, nous n’avons pas entendu beaucoup de responsables de la Fed annoncer une réduction des taux. Généralement, lorsque les directives de la Fed ne correspondent pas aux attentes du marché, elles deviennent plus virulentes et dans ce cas, elles pourraient attendre jusqu’à Jackson Hole.
Le sommet de Jackson Hole serait le lieu idéal pour que la Fed fixe ou revienne sur les attentes du marché. Un certain nombre de responsables de la Fed prendront la parole, dont le président Powell vendredi. La dernière fois que nous avons eu des nouvelles de la banque centrale, celle-ci a peu parlé de la nécessité d’un nouvel assouplissement, mais compte tenu de l’ensemble des événements survenus depuis juillet, sa communication pourrait changer. Si la Fed s’engage à abaisser ses taux d’intérêt en septembre, nous devrions entendre les banquiers centraux minimiser l’amélioration des dépenses et des ventes au détail. Certains pourraient même plaider ouvertement en faveur d'un assouplissement, ce qui serait très négatif pour l'USD/JPY et l'USD/CHF. Toutefois, si la banque insiste sur l'amélioration des données, le dollar pourrait s’enfoncer sur l’idée qu’elle pourrait retarder une baisse des taux.
La devise la moins performante a été l’euro, qui a reculé sur 4 de ses 5 derniers jours de négociation contre le dollar US. Les données économiques ont été globalement plus faibles avec la contraction de l'économie au deuxième trimestre, la confiance des investisseurs (telle que mesurée par l'enquête allemande ZEW) a atteint son plus bas niveau depuis 2010 et la production industrielle a chuté de manière abrupte depuis novembre 2019. La publication des PMI de la zone euro est attendue, et il y a de très bonnes chances pour que ces chiffres soient plus faibles, ce qui plaiderait pour un taux de change EUR/USD sous 1,10. Toutefois, l'euro a trouvé un soutien à la fin de la semaine dernière après un important titre sur le gouvernement allemand qui se préparait à augmenter ses dépenses si l'économie tombait en récession. L’économie allemande n’a connu une croissance qu’au cours d'un seul des quatre derniers trimestres. La récession est donc sans doute possible. Les mesures de relance budgétaire aideraient beaucoup, mais il faudra peut-être des mois avant que le gouvernement allemand annonce de nouvelles mesures de dépenses. La BCE assouplira d'ici là et la manière dont l'euro évoluera dépendra de l'ampleur de ses mesures de stimulation.