Des investisseurs familiaux aux grands noms de Wall Street, tout le monde semble penser que la question est de savoir quand, et non pas si, l'or atteindra 2 000 dollars l'once.
Et pourquoi pas ? Les banques centrales mondiales injectent des billions de dollars pour stimuler l'économie. Dans le même temps, les offres d'achat de valeurs refuges ne se sont pas relâchées pour ceux qui s'inquiètent de la poursuite du désespoir sanitaire et économique causé par une nouvelle vague d'infections au COVID-19.
Si l'on ajoute à cela des taux américains proches de zéro, de faibles rendements réels, des entrées record dans les fonds négociés en bourse (ETF) garantis par l'or et une allocation accrue des actifs en faveur des métaux précieux dans leur ensemble, les étoiles sont alignées pour le métal jaune.
La voix de la raison
Mais bien que la voix de la raison nous impose la prudence, ce qui est toujours le cas dans un marché haussier effréné, il convient de se demander si une correction est probable, ou si l’or va directement revisiter les records de 2011, ou plus, en se dirigeant vers les 2 000 dollars.
Le marché à terme de l'or COMEX a atteint un sommet de séance de 1 865,75 $, tôt mercredi, soit environ 45 $, ou 3 %, en dessous du record de 2011 de 1 911,60 $.
L'or au comptant, le prix du métal pour livraison immédiate, a remonté à 1 865,87 $. Il a atteint un sommet historique de 1 920,85 dollars en septembre 2011.
En effet, le marché des produits dérivés montre que les investisseurs parient beaucoup que l’or atteindra 2 000 dollars fin 2020. Les données du groupe CME, qui exploite les contrats à terme et les options sur l'or COMEX, montrent qu'il y a plus d'intérêt ouvert pour les options d'achat - qui confèrent au propriétaire le droit, mais pas l'obligation, d'acheter de l'or à un prix déterminé à une date déterminée - à un prix d'exercice de 2 000 $ que pour tout autre contrat d'option de décembre 2020.
Avec près de 40.000 lots en cours, les options d'achat à 2 000 dollars de décembre sont, de loin, le plus gros prix d'exercice des options arrivant à échéance au cours du dernier mois de l'année. Cela représente plus de 15 % du total des intérêts en cours pour les options d'achat de décembre 2020 et bat facilement le deuxième plus gros - les options d'achat de décembre 2 500 $ - avec "seulement" 18 000 lots d'intérêts en cours.
« Pas d'obstacles » en vue, mais le rallye pourrait faire une pause
Slobodan Drvenica, le responsable mondial de l'analyse chez Windsor Brokers à Amman, en Jordanie, a déclaré qu'à première vue, les acheteurs d'or n'avaient "aucun obstacle en route vers (la) cible des 1 920 dollars".
Pourtant, il avertit que "les études sur les graphiques quotidiens et hebdomadaires suggèrent que le rallye pourrait prendre une pause et se positionner pour sa poussée finale vers l'objectif de 1 920 $".
Drvenica a déclaré qu'une baisse en dessous de la moyenne mobile de 20 jours à 1 792 $ pour l'or mettrait les acheteurs sur la touche et permettrait d’envisager un "recul plus important", bien qu'il doute qu'une telle baisse soit possible avant le premier test de 1 900 $.
L'or peut continuer à monter, mais pas en ligne droite
Sunit Kumar Dixit, un analyste indépendant sur les métaux précieux, affiche une opinion similaire :
"Si l'or continue sur sa lancée, les achats peuvent s'intensifier et atteindre sans trop de résistance le niveau record de 1 920 $."
Mais le rallye de l'or pourrait ne pas se poursuivre en ligne droite, a-t-il dit.
"La prise de bénéfices ne peut être exclue, et cela pourrait pousser l'or à tester à nouveau les zones de soutien à 1 830-1 815-1 805 $."
"Si le seuil de 1 800 $ ne se maintient pas, une cassure sous 1 791 $ pourrait déclencher une vente à 1 770-1750 $, ce qui pourrait changer la tendance à court ou moyen terme."
Certains investisseurs peuvent se sentir "hésitants"
Adam English, de l'Outsider Club de Spokane (Washington), a déclaré que la hausse de l'or de plus de 20 % jusqu'à présent cette année pourrait laisser les investisseurs "un peu hésitants" à l'idée que 2 000 dollars soient encore à portée de main cette année.
Il a récemment écrit :
"Certains des plus grands noms du marché font la queue derrière une hausse qui laissera loin derrière elle le plus haut niveau de tous les temps".
"Des plus petits investisseurs de détail aux plus grandes institutions financières, pratiquement tout le monde parie maintenant sur des prix de l'or beaucoup plus élevés. De nouveaux grands noms surprenants viennent de se joindre à nous".
Selon le Wall Street Journal, près de 40 milliards de dollars ont été investis dans des ETF adossés à l'or, qui ont la faveur des investisseurs particuliers, au cours du premier semestre de l'année. Il a noté que le volume de ces ETF a dépassé le précédent record annuel et a souligné la forte demande des investisseurs pour les métaux précieux pendant la pandémie de coronavirus.
Les grandes banques parient sur 2 000 dollars et plus
À Wall Street, Citigroup (NYSE:C) est la dernière en date des banques d'investissement qui voient l'or franchir la barre des 2 000 dollars.
Un sondage Reuters de mardi a montré que les analystes s'attendent à ce que l'or poursuive son ascension fulgurante tout au long de cette année.
Le stratège de la Bank of America (NYSE:BAC), Paul Ciana, a déclaré qu'il voyait la possibilité que le prix de l'or atteigne des sommets entre 2 114 et 2 296 dollars.
Trois autres grandes banques d'investissement, Morgan Stanley (NYSE:MS), JPMorgan (NYSE:JPM) et Goldman Sachs (NYSE:GS), parient sur une montée de l'or à 2 000 $ depuis un certain temps.
Jeffrey Halley, un stratège de la société de courtage OANDA, a quant à lui déclaré :
"L'or reste une valeur sûre, probablement après avoir été négocié dans une fourchette étroite pendant une grande partie du mois de juillet."
"L'or devra enregistrer une clôture quotidienne inférieure à 1 819 $ l'once pour remettre en question la thèse haussière."
Avertissement : Barani Krishnan ne détient pas de positions dans les matières premières ou titres évoqués dans cet article.