Depuis le G20 de Shanghai de fin février 2016, une certaine accalmie s’est emparée du marché des changes. Toutefois, la stabilité actuelle ne constitue pas un état de fait qui puisse être durable. Elle est amenée à voler en éclats car elle fait fi des fondamentaux économiques. Trois déclencheurs pourraient mettre un terme à l’entente tacite sur les monnaies : 1) une dévaluation chinoise, qui fait partie de notre scénario de base en 2016, en raison de la baisse continue des réserves de change de la Banque Populaire de Chine ; 2) une intervention de la Banque du Japon pour stopper l’appréciation du yen qui nuit aux exportations. Depuis le début de l’année, le yen a gagné 9% face à l’USD ce qui s’est répercuté négativement sur la balance commerciale nippone avec, en particulier, une baisse des exportations de 10,1% en avril ; 3) une hausse des taux de la FED en juin prochain qui parait de plus en plus probable au regard des propos tenus par plusieurs membres du FOMC ces derniers jours, dont Eric Rosengren hier. Les investisseurs doivent par conséquent se préparer à un retour de la volatilité sur les devises qui pourrait s’amorcer dès le mois de juin du fait des nombreux facteurs anxiogènes qui pèsent sur le marché pendant cette période.
Les derniers faits marquants :
La FED va-t-elle prendre le risque de relever les taux en juin ? En tout cas, elle semble préparer de plus en plus sérieusement les investisseurs à cette éventualité. Le président de la Réserve Fédérale de Boston, Eric Rosengren, a déclaré au FT que les conditions pour une hausse de taux sont sur le point d’être remplies pour la majorité des membres du FOMC. La semaine dernière, plusieurs membres avaient en effet plaidé en faveur d’une poursuite de la normalisation de la politique monétaire. A surveiller de près cette semaine, le discours de Janet Yellen vendredi qui devrait aiguiller les marchés quant aux intentions de la banque centrale.
De l’autre côté de l’Atlantique, le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a de nouveau réaffirmé que l’institution va faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter la déflation. Rien de nouveau. En revanche, il a souligné que les taux d’intérêt sont toujours un outil qui pourrait être actionné. C’est le point crucial à retenir. Il est probable que la BCE puisse se satisfaire de taux négatifs plus bas.
Bonne nouvelle pour le Japon puisque le taux de natalité connait un bond, passant de 1,25 en 2005 à 1,5 de nos jours. Ce n’est toutefois pas encore suffisant pour inverser la pyramide des âges du pays dont la tendance négative va peser à long terme sur la dynamique de croissance.
A suivre aujourd'hui :
Réunion de l’Eurogroupe à propos de la Grèce. Suite aux réformes drastiques votées par le Parlement grec dimanche dernier, une nouvelle tranche d’aide va être débloquée ce qui devrait permettre aux marchés de passer un été plus tranquille que celui de 2015. On constate un retour léger de la confiance. Ainsi, les valeurs bancaires grecques affichent un bond de près de 240% depuis leur point bas atteint au mois de février. La question à traiter aujourd’hui sera celle d’une restructuration de la dette colossale du pays qui va atteindre prochainement le seuil symbolique de 200% du pib. Les créanciers sont divisés à propos des options à choisir. Il faut s’attendre à des mois de négociations en coulisse, en particulier entre l’Allemagne et le FMI, avant qu’une solution concrète ne soit évoquée.
Principale statistique à surveiller aujourd’hui : l’indice ZEW allemand qui sera publié à 11h. La composante « situation actuelle » est annoncée en hausse à 48,7 par le consensus contre 47,7 précédemment. Un bon chiffre pourrait être un élément de soutien de court terme pour le CAC 40 et l’euro.