En dépit des spéculations sur davantage de mesures d'assouplissement pour soutenir la création du crédit dans la Zone Euro, la monnaie unique reste une des devises les plus fortes depuis le début de l'année. Le statu quo de la Banque centrale européenne (BCE), et notamment le maintien de son forward guidance, est le principal facteur expliquant une telle force de la monnaie unique. Les difficultés dans les pays émergents ainsi que les valorisations jugées toujours attractives sur les marchés actions européens ont également plaidé en faveur d'un maintien de l'euro.
Depuis le quatrième trimestre de 2013, nous nous étions attendus à une dévaluation de l'euro par rapport au dollar américain. Comme c'était le cas pour la livre sterling qui se renforce contre l'euro depuis août sur fond d'une régularisation de la politique monétaire de la Banque d'Angleterre, nous avons anticipé une divergence entre les politiques monétaires en Zone Euro et aux Etats-Unis avec la sortie progressive du programme d'assouplissement de la Réserve fédérale.
Jusqu'ici, cette divergence en place depuis novembre (lorsque la BCE a dernièrement abaissé ses taux d'intérêt) a eu pour effet de freiner l'appréciation de l'euro par rapport au billet vert. Mais aucun retournement de la tendance de l'EURUSD ne n'est produit ces dernières semaines alors que le tapering de la Fed serait complètement intégré dans les cours et les statistiques macroéconomiques américaines sont particulièrement mauvaises depuis le début de l'année.
Toutes choses égales par ailleurs, l'euro pourrait continuer à se renforcer contre le dollar américain sur le moyen terme alors que le statu quo de la BCE face à la baisse du crédit au secteur privé européen favorise un euro fort. A l'heure actuelle, deux choses pourraient changer la situation radicalement pour l'euro. Soit la BCE finit par modifier ses prévisions d'inflation sur le moyen terme après une période longue d'inflation en dessous de 1 %. Soit la Cour de justice de l'Union européenne juge le programme de rachats obligataires (OMT) ce la BCE non-conforme à la loi en mars. Le premier scénario serait bearish pour la monnaie unique car cela renforcera la probabilité d'une nouvelle opération de refinancement à plus long terme (LTRO) pour les banques européennes. Le deuxième aurait sans doute des implications baissières pour l'euro sachant que la mise en place du programme OMT en septembre 2012 est la raison principale pour laquelle l'euro est aujourd'hui une des devises les plus puissantes sur le marché des changes.
Tout ceci pour vous dire que l'EUR/USD poursuit toujours une tendance haussière depuis deux ans mais bloque sous une résistance technique de taille aux alentours des 1,3830 USD. La réunion de la BCE le 6 mars étant le prochain évènement d'importance pour la monnaie unique, l'EUR/USD pourrait continuer à faire du surplace dans les séances qui viennent alors que les marchés recherchent un catalyseur fondamental pour déterminer si l'euro n'est pas en train d'établir un sommet majeur ou plutôt si nous ne sommes pas devant une ère d'un euro fort.