Qu’ils soient en euro ou en dollar, spéculatifs ou de qualité investissement, les indices obligataires d’entreprises devraient tous finir l’année dans le rouge. Un repli qui a au moins le mérite d’engendrer une hausse sensible des rendements.
Si les choses restent en l'état, l’indice IBOXX EURO Corporate, indicateur de référence de l’évolution du marché des obligations les mieux notées en euro, se dirige vers un repli annuel de 1,60%.
Cette contreperformance de l’obligataire, que l’on peut relativiser au regard de la chute de 9% de l’indice boursier Eurostoxx50, s’explique par un cocktail de nouvelles défavorables.
Outre les risques qui pèsent sur l’économie mondiale dans le cadre des tensions commerciales, l'année qui arrive tout doucement à son terme restera marquée par un changement de cap des politiques monétaires, lequel a notamment vu la Banque centrale européenne réduire progressivement son programme de soutien à l'économie.
Ce retour graduel à la normale a manifestement changé la perception des investisseurs, eux qui étaient prêts jusqu’alors à prendre plus de risques pour obtenir du rendement, soutenant au passage la performance des indices ces dernières années.
Dans ce contexte de normalisation monétaire, ils ont revu à la hausse leur prétention de rendement pour se positionner sur des obligations « corporate », provoquant une baisse des cours sur le secondaire et par ricochet, sur la valorisation des portefeuilles.
En outre, les gérants de fonds semblent accorder aujourd’hui davantage d'attention aux fondamentaux des entreprises dont ils achètent de la dette. C'est particulièrement les cas pour les entreprises notées « BBB », le dernier rang avant la catégorie spéculative, dont le poids dans les indices européens a plus que doublé en l'espace de dix ans.
La correction crée des opportunités
Si un rebond ne semble pas se dessiner à court terme, le repli des indices laisse entrevoir des points d’entrée intéressants pour l’épargnant qui souhaiterait réorganiser son portefeuille à l’approche de l’année nouvelle.
Ceci d’autant que de nombreux observateurs estiment qu’en cas de détérioration de l'environnement économique dans la zone euro, la BCE devrait soutenir l’activité en relançant ses achats de titres comme elle l’a fait au sortir de la crise, un scénario de nature à contenir les tensions sur les taux.
Parmi les obligations de bonne qualité dont le rendement a nettement augmenté, celui affiché par l’emprunt Renault SA (PA:RENA) à sept ans a purement et simplement doublé, suite à la mise au placard de son président du conseil d’administration Carlos Ghosn. L’obligation en question, accessible par coupures de 1.000 euros, permet de tabler sur une rémunération annuelle de 2,20%, contre moins d’un pourcent il y a une semaine (rating BBB).
Dans le contexte délicat que connaît actuellement le secteur automobile, les obligations Volkswagen (DE:VOWG_p)sont un autre témoignage de la baisse des titres obligataires. Placé début novembre, l'emprunt remboursable en 2027 par le premier constructeur mondial se traite sous son prix d’émission et permet de tabler sur un rendement annuel de 2,68% jusqu’à l’échéance (rating BBB+).
Autre obligation dont le rendement s’est bien apprécié ces derniers mois, celle remboursable en 2036 par le géant mondial de la bière AB InBev. Sur base d’un cours indicatif inférieur au pair, elle permet à l’épargnant de s’assurer un rendement annuel jusqu’à l’échéance de 2,80% (coupure de 1.000 euros, rating A-).
Citons pour terminer l'obligation de type subordonnée Groupama Assurances Mutuelles échéant dans dix ans. Necessitant une mise de fonds de 100.000 euros, elle propose un rendement annuel de 4,20%, sur base d'un cours indicatif de 93% du nominal (rating BBB-).