La Deutsche Bank (DE:DBKGn), qui a été éclaboussée ces dernières années par des litiges en tout genre, change à nouveau de patron. Christian Sewing, président adjoint du directoire, remplacera à la fin du mois John Cryan, intronisé il y a trois ans et dont le contrat courait pourtant jusqu’en 2020.
Visiblement, les investisseurs ne croyaient plus trop en la capacité du britannique à remettre la première banque privée allemande sur le chemin de la rentabilité, elle qui reste sur trois années de pertes consécutives.
Dans une lettre adressée ce week-end au personnel, le nouvel homme fort de l'institut francfortois explique qu'il va devoir prendre des décisions difficiles pour renouer avec les bénéfices.
Sans fournir de précision, il annonce une réflexion approfondie sur la manière dont la Deutsche Bank veut positionner son activité de banque d'investissement, sa première source de revenus, dans un environnement de marché difficile.
Comme le rappelle L’Echo, sous l'impulsion de Josef Ackermann (CEO de 2002 à 2012), l’établissement a beaucoup misé sur cette activité afin de se frotter aux géants américains, et ce au mépris de la banque de détail.
"Mais la locomotive d'hier n'est plus. Elle est à la traîne. La banque d'investissement ne s'est jamais réellement remise de la crise financière et les efforts de John Cryan n'ont pas réussi à redresser la barre", peut-on lire dans le quotidien belge.
Les inquiétudes subsistent
Même si l’action avait ouvert en forte hausse lundi matin, les analystes restent sceptiques. Bien que la nomination met un terme à l’incertitude sur le leadership du groupe, Morgan Stanley (NYSE:MS) souligne qu'il reste des points d’interrogation sur la forme et la direction de la banque d'investissement.
Pour JP Morgan, ce changement de direction ne modifie pas son opinion sur l’action (neutre), évoquant elle aussi un manque de clarté autour de la stratégie de Deutsche Bank.
"Le problème de Deutsche Bank, ce n'est pas le président du directoire, comme cela se dit dans la presse, mais des actionnaires différents avec des intérêts différents, avec peu de signes d'engagement à changer l'organisation dans l'intérêt des propriétaires: les actionnaires et les créanciers", juge-t-il.
En début d’année, un responsable de l'Union Investment, un des grands actionnaires du groupe, s’était distingué en avertissant que, dans les deux ans environ, "nous pourrions assister à ce qui semble aujourd’hui inimaginable, le démantèlement de la banque et sa fusion avec d’autres grandes banques européennes, dans le cas où les revenus ne se seraient toujours pas redressés".
L'analyste franco-allemand Oddo & Cie a lui abaissé son objectif de cours, prenant notamment en compte des charges de restructuration probablement plus élevées, s'attendant à un plan de restructuration plus radical.
Les obligations mieux orientées
Sur le marché obligataire, les emprunts émis par la Deutsche Bank ont redressé la tête ces dernières semaines, après la correction observée en février sur le marché de la dette.
A titre d’exemple, l’obligation d’une maturité égale au 17 février 2025 assortie d’un coupon de 2,75% se négocie en ce début de semaine autour des 101% du nominal, contre 97% début février et 104% en début d’année.
Sur base des cours actuels, l’investisseur peut tabler sur un rendement annuel de 2,60% pour cette obligation subordonnée junior accessible par coupures de 1.000 euros et notée « BB+ », en catégorie spéculative, chez Standard & Poor’s.