Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Accueilli favorablement par le conseil d’administration de Believe, le projet d’OPA sur la société pourrait faire l’objet de quelques réserves. Certains observateurs estiment – comme Eric Lewin – que l’acheteur peut mieux faire s’il souhaite réellement sortir l’entreprise de la cote, seulement trois ans après son introduction en Bourse…
Cela faisait longtemps que l’on parlait dans les salles de marchés d’une possible sortie de cote de Believe. Le spécialiste des services numériques aux musiciens et aux labels discographiques, qui compte notamment Jul ou encore Vianney dans son répertoire, n’a jamais rencontré le succès en Bourse…
Introduite à 19,50 € il y a quasiment trois ans, la société n’a cessé de décevoir. Revenu d’un plus-bas historique de 7,49 €, son cours ne dépassait pas les 10 € il y a encore quelques semaines, avant un spectaculaire rebond lors de l’annonce de l’opération financière, lundi 12 février.
Trois jours avant, l’action valait d’ailleurs à peine 12,40 €…
L’offre réalisée à 15 €, avec un consortium mené par le président de la société Denis Ladegaillerie, et des fonds prestigieux comme EQT et TCV, promet une prime de seulement 21 % par rapport au dernier cours coté, prime qui me semble assez chiche.
En effet, lorsqu’on observe les autres comparables, on se rend compte qu’un groupe comme Spotify (NYSE:SPOT), sans doute la société la plus similaire sur le plan de l’activité, se paye tout de même sur un multiple de 2,6 fois le chiffre d’affaires. Que dire également des valorisations de Warner Music, 3,5 fois le chiffre d’affaires, ou encore d’Universal Music (AS:UMG), 4,4 fois…
Believe n’a pourtant pas chômé
L’offre vise en fait à sortir les actionnaires historiques, TCV Luxco BD, XAnge et Ventech, qui détiennent un peu moins de 60 % du capital. Ces actionnaires sont en effet impatients de retrouver de la liquidité, même si Believe n’a pas chômé, tant sur le plan commercial que sur celui des résultats.
Le commercial, d’abord, avec pas moins de 47 albums dans le Top 200 l’an dernier, et surtout une montée en puissance dans les pays émergents, marchés ultra dynamiques.
Le financier, ensuite, avec par exemple, sur les neuf premiers mois de son exercice, une croissance organique de 13,9 %, et un chiffre d’affaires de 630,4 M€.
2023 promettait d’être un cru de qualité, avec notamment une croissance organique d’au moins 14 %, couplée à une amélioration soutenue de la marge d’Ebitda à au moins 5,5 %.
L’autre idée derrière cette sortie de cote est d’accélérer la croissance, d’autant que la société représente plus d’un million d’artistes dans plus de cinquante pays.
Pour accélérer, il faut lever des fonds, et pour lever des fonds, il faut une valorisation acceptable, ce qui n’était pas le cas ces derniers mois, avec le cours de Bourse de Believe.
Comment financer une grosse acquisition avec une valorisation de l’ordre de 1 Md€ sur toute l’année 2023 ? Difficile, vous en conviendrez…
Mais reste à se demander si le prix de 15 € est le bon prix pour Believe. J’ai toujours pensé que la société a été introduite en Bourse sur une valorisation stratosphérique, mais a contrario, je considère que compte tenu des efforts faits depuis trois ans, la prime offerte est un peu chiche.
Je serais plus à l’aise avec un cours de 18 €, ce qui me conduit à vous recommander de ne pas apporter les titres à l’offre pour le moment, afin de pousser l’acheteur à revoir sa proposition à la hausse.