Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’intitulé de cet article sur l’or noir fait écho à une interview donnée mi-janvier par le célèbre économiste Patrick Artus, qui s’interrogeait alors sur l’éventualité d’un « choc pétrolier à l’envers ».
Il faut dire que le regain des tensions au Moyen-Orient semble déjà loin… Attaques de drones perpétrées par les rebelles yéménites contre deux sites de production du géant saoudien Aramco (SE:2222) mi-septembre, escalade entre l’Iran et les Etats-Unis en début d’année (l’exécution du général Soleimani, une décision fort controversée de Donald Trump, fit craindre des bouleversements majeurs dans la région) : tout cela aura été balayé d’un revers de main par le coronavirus.
Depuis le précédent épisode de SRAS, en 2002/2003, le poids économique de la Chine dans l’économie mondiale s’est il est vrai considérablement accru, d’où la peur des investisseurs qu’une propagation de l’épidémie ne débouche sur un ralentissement marqué à l’échelle planétaire – et par extension sur une baisse de la demande de pétrole.
Plusieurs médias évoquent même un plongeon de 20% de la demande pétrolière chinoise en répercussion du coronavirus. Parmi eux, Reuters rapportait en début de semaine que le géant chinois Sinopec aurait réduit le débit de ses installations d’environ 600 000 barils par jour.
En résumé, vous avez d’un côté une demande en baisse, et de l’autre une offre qui demeure toujours pléthorique avec notamment, comme le rappelait Patrick Artus, une montée en puissance du pétrole de schiste américain, d‘où découle des stocks hebdomadaires de brut toujours haut perchés. Et si vous ajoutez à cela les évolutions des politiques énergétiques, qui font la part plus belle aux technologies « vertes », il en résulte un effet ciseau défavorable sur les cours du baril, lesquels sont en baisse de plus de 20% depuis leurs sommets annuels, et d’ores et déjà entrés dans ce que l’on appelle un « bear market ».
Bear market
Dans l’immédiat, on retrouve un baril de WTI tombé sous le cap rond des 50 $, et comme on le constate sur le premier graphique ci-dessous (en base journalière), il s’agit d‘une région horizontale charnière (cf. le rectangle grisé).
Alors qu’une réunion exceptionnelle de l’OPEP se tient depuis hier à Vienne et que certaines sources suggèrent des réductions supplémentaires de 500 000 barils par jour, l’enjeu va évidemment être de tenter d’endiguer la chute des cours. D’autant qu’il faudra faire preuve de vigilance à moyen terme, considérant l’absence de réaction depuis ces fameux 50 $ sur le second graphique ci-dessous (pris cette fois en base hebdomadaire).
Dans ce contexte, une poursuite des dégagements en direction du support horizontal, situé quant à lui autour des 43 $ (autre rectangle grisé), ne saurait être exclue…