Powell reste ouvert à d’autres mesures, cap sur la réunion de la BCE ce jeudi

La perspective d'un traitement contre le coronavirus et les discussions sur une plus grande stimulation de la part de la Réserve fédérale ont fait grimper les actions et les devises hier. L'indice Dow Jones des valeurs industrielles a bondi de plus de 600 points et le dollar américain a chuté alors que les investisseurs se sont emparés des monnaies à bêta élevé. Le dollar néo-zélandais a été le plus performant, suivi par les dollars australien et canadien. Le rallye de l'euro a été plus modéré, les traders faisant preuve de prudence avant l'annonce de la politique monétaire de la Banque centrale européenne.

La Réserve fédérale prend très au sérieux le bilan économique du COVID-19. Dans la déclaration du FOMC, elle a déclaré que le virus pose de gros risques à moyen terme et que la crise pèsera lourdement sur l'activité économique. En réaction, les taux devront rester en attente jusqu'à ce qu'elle soit convaincue que l'économie est de nouveau sur les rails. Le président de la Fed, Jerome Powell, a apporté des précisions supplémentaires lors de sa conférence de presse. Il a averti que le taux de chômage pourrait atteindre deux chiffres dans le prochain rapport et que l'activité économique du deuxième trimestre chutera à un rythme sans précédent. La Fed reste déterminée à utiliser une gamme complète d'outils et continuera à utiliser ses pouvoirs avec force. M. Powell estime également qu'il faudra peut-être en faire plus, mais la banque centrale a les mains liées car elle a des pouvoirs de prêt et non de dépense. Il n'y a pas eu d'enrobage de sucre dans ses commentaires. Powell considère le choc du virus comme extraordinaire et prévient qu'ils vont devoir agir pendant un certain temps.

Le rapport sur le PIB américain a été décevant. L'économie américaine s'est contractée de 4,8 % au premier trimestre, ce qui est pire que les -4 % prévus par le marché et la plus forte baisse en plus d'une décennie. La faiblesse du dollar américain et la forte reprise des actions après la publication des données nous indiquent que les investisseurs se préparaient à un rapport encore plus faible. Ce sont les données du deuxième trimestre qui comptent et il n'y aurait eu une grande réaction aujourd'hui que si le PIB s'était contracté de 6 % ou plus.

Nous avons des données sur les demandes d'allocations de chômage, les revenus et les dépenses des particuliers sur le calendrier de jeudi, et comme tout le monde s'attend à une baisse des revenus et des dépenses, le rapport hebdomadaire sur les demandes d'allocations sera le grand chiffre. Le nombre de nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage devrait passer à 3,5 millions, contre 4,42 millions la semaine précédente. Si les améliorations ne se concrétisent pas, nous assisterons à une baisse beaucoup plus importante de USD/JPY.

L'attention se porte maintenant sur l'euro et la Banque centrale européenne. La monnaie unique s'échange fortement par rapport au dollar américain, mais les gains ont plus à voir avec la faiblesse du dollar américain qu'avec la force de l'euro. L'EUR/USD aborde la réunion de la BCE en dessous des moyennes mobiles simples à 50, 100 et 200 jours et se rapproche de la 20 jours, un signe que la monnaie reste sous contrôle. Comme les États-Unis, l'économie de la zone euro devrait afficher sa plus forte contraction depuis la grande récession aujourd’hui. Les économistes s'attendent à ce que le PIB chute de 3,7 %, mais pour la zone euro, le chiffre réel pourrait être bien pire. Le blocage de l'économie américaine n'a commencé qu'au cours des deux dernières semaines du premier trimestre, mais la zone euro est passée en mode de blocage à la mi-février, trois semaines avant les principaux États américains, de sorte que le bilan économique sera plus lourd. Nous ne serions pas surpris si la contraction de la zone euro atteignait les niveaux américains, ce qui ferait basculer l'euro vers 1,08.

Le PIB de la zone euro pourrait être plus sensible au marché que la BCE, mais la réunion des banques centrales est également importante. La BCE ne devrait pas changer de politique, ayant lancé son Programme d'achat d'urgence en cas de pandémie (PEPP) il y a seulement cinq semaines. Elle veut lui donner le temps de fonctionner. En outre, elle n'a que récemment élargi les types de garanties qu'elle accepterait pour inclure les obligations de pacotille italiennes. Pourtant, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, estime que l'économie pourrait se contracter de 15 % cette année et que la confiance des entreprises et des investisseurs, qui a atteint des niveaux historiquement bas, permettra d'en faire plus. Elle cherche à augmenter les achats d'actifs mais pourrait retarder la décision d'un mois supplémentaire. Quoi qu'il en soit, à l'instar de la Fed, Mme Lagarde se devra se montrer très courageuse.