Kathy Lien, directrice générale de la stratégie des devises pour BK Asset Management
Le rapport américain sur les ventes au détail de vendredi est l’une des données les plus importantes du calendrier économique de cette semaine. La Réserve Fédérale se réunit la semaine prochaine et cette donnée jouera un rôle crucial dans la définition des attentes pour les prévisions de la banque centrale. Les économistes s'attendent à une reprise des dépenses, mais il y a plein de raisons pour lesquelles les chiffres pourraient décevoir. Tout d’abord, les gains sur le marché du travail diminuent selon le rapport NFP sur l'emploi du mois dernier. La croissance des salaires ralentit également, les prix de l'essence sont plus bas et la baisse de 6% des marchés boursiers en mai sont autant de raisons pour lesquelles les consommateurs auraient été réticents à dépenser le mois dernier. Malgré les mouvements records des actions et le faible taux de chômage, les Américains ne se sont jamais sentis riches. La croissance des ventes au détail a été modeste tout au long de 2018 et est devenue négative en décembre. Depuis lors, les dépenses ont diminué 3 fois sur les 5 derniers mois. Le président de la Fed, Powell, tente de faire preuve d'optimisme en affirmant que l'économie est en croissance, mais son commentaire selon lequel ils "agiront comme il convient pour soutenir l'expansion" témoigne de son inquiétude. Ainsi, si le rapport sur les ventes au détail de demain ne répond pas aux attentes, il pourrait secouer le marché forex et pousser le dollar au repli contre toutes les principales devises. Les vendredis sont toujours des journées actives pour les devises, et une réunion de la Fed en approche devrait nous permettre de constater une évolution particulièrement importante du billet vert. USD/JPY s'est négocié dans une fourchette étroite tout au long du mois et le rapport sur les ventes au détail pourrait donner le coup d'envoi à une percée durable.
Pendant ce temps, nous observons des signes d’un sommet à court terme sur l' euro. Après avoir consolidé près de son plus haut niveau en deux mois pendant la majeure partie de la semaine, l'EUR/USD est passé sous la barre des 1,13 mercredi et a passé la totalité de la séance de jeudi à un niveau inférieur à ce niveau clé. La production industrielle de la zone euro a décliné comme nous l’avions prévu, mais la menace de sanctions du président Trump contre l’Allemagne est la principale raison pour laquelle les traders en euros doivent s’inquiéter. Nous ne savons pas jusqu'où le président américain poussera cette menace ou quand il la mentionnera à nouveau, mais Trump a déclaré mercredi à la presse que le gazoduc entre l'Allemagne et la Russie "rend réellement l'Allemagne un otage de la Russie si jamais il se passait de mauvaises choses". De nombreux pays craignent que si le pipeline devait être construit par l'Allemagne, cela permettrait à la Russie de couper facilement l'énergie fournie à l'Ukraine ou de faire pression sur les nations de l'Europe de l'Ouest. Trump menace également de réduire les troupes américaines parce que "nous protégeons l'Allemagne de la Russie et la Russie reçoit des milliards et des milliards de dollars de l'Allemagne". Une détérioration des relations américano-européennes ne serait pas bénéfique pour l'euro mais en même temps, nous ne savons tout simplement pas à quel point les États-Unis tiennent vraiment à imposer des sanctions sur l'Allemagne.