Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Nous ne savons pas à quoi ressemblera le “monde d’après”, nous ne savons pas où vont les marchés, mais au moins, nous savons -pour l’instant et le scénario de ce mercredi 15 avril l’a confirmé- qu’ils continuent de fonctionner “comme avant”.
Les marchés demeurent “pilotés” par la mécanique des flux dont la FED s’est assurée définitivement la maîtrise totale jeudi dernier.
La trajectoire de la liquidité planétaire demeure immuable : la loi de la gravité ramène inévitablement l’argent vers Wall Street.
Les investisseurs en sont tellement convaincus qu’ils n’imaginent même pas que s’y précipiter, malgré un PER de 20 sur le S&P500, puisse constituer un risque plus grand que d’investir sur un CAC40 affichant un PER de 15.
Quand Wall Street gagne 15% en 6 séances, le CAC n’en gagne que 10 et quand une consolidation se dessine, les pertes du CAC40 s’avèrent immédiatement 2 fois supérieures à celles des indices américains : nouvelle démonstration ce mercredi 15 avril puisque le Dow Jones a cédé -1,86% et l’indice parisien exactement le double (-3,75%).
Les mauvais chiffres, c’est aux Etats Unis… la chute des indices, c’est en Europe
Wall Street a donc 2 fois mieux résisté
à la chute de -8,7% des ventes au détail en mars ;
à la contraction de -5,4% de la production industrielle ;
à l’effondrement historique du “sentiment” des spécialistes du secteur immobilier, de 72 au mois de février vers 30 au mois de mars (le consensus tablait sur 55) ;
au plongeon abyssal de l’indice “Empire State” de la Fed de New York (de -21,5 vers -78,2 en avril alors qu’au pire moment de la crise économique de 2008, il ne s’était pas enfoncé au-delà de -34,3) ;
au sombre pronostic du géant du refinancement hypothécaire Fannie Mae qui s’attend à une chute de -15% des ventes de logements en 2020, sur fond de chaos en matière de reports d’échéances et d’explosion des saisies immobilières ;
à une déferlante de mauvais trimestriels (notamment pour Bank of America (NYSE:BAC) -6,2% et Citigroup (NYSE:C) -5,5%) dans le secteur bancaire qui chutait de -4,5%
La pire performance revient au secteur pétrolier : le baril de WTI s’est enfoncé sous les 20$ à New York (-3,5% vers 19,5$, 20,1$ au final) et de -8% à Londres sur le Brent, sous les 27,55$.
Peu après la clôture s’est mise à circuler une rumeur -elle émane de Bloomberg- selon laquelle le gouvernement américain envisagerait de payer les entreprises pétrolières américaines pour…qu’elles cessent de produire.
Chaque jour qui passe se solde par le franchissement d’un nouveau cran dans la subversion des mécanismes fondamentaux du marché !
La Chine est dépassée sur tous les plans, aussi bien en matière d’interventionnisme de la banque centrale que d’implication de l’Etat dans ce qui relève du secteur privé !
Et l’excuse est toujours la même : si nous ne prenons pas des mesures d’exception, notre économie de marché ira au tapis.
Sauf que ce n’est plus, depuis au moins 12 ans, une économie de marché… donc ce n’est pas cela que les “sherpas” de Wall Street cherchent à sauver: ils cherchent à se sauver d’abord, quitte à enfoncer les places européennes au 36ème dessous !