Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La “vengeance de Téhéran” dans la nuit de mardi à mercredi relevait-elle du simulacre ?
Trump a minimisé l’affaire : “pas de victimes, des dégâts mineurs”… on passe à autre chose.
En d’autres termes, Téhéran a tiré des missiles dans le désert irakien, ça a fait du bruit et de la poussière… et assouvi sa soif de donner une bonne leçon à Donald Trump, en dépit de ses menaces de riposte “disproportionnée”. Tout le monde est content et c’est le bon moment pour orchestrer une désescalade.
S’agit-il d’une vision naïvement optimiste, typiquement occidentale ?
Peut-être pas puisqu’un imam chiite irakien viscéralement anti-américain -du nom de Moqtada Sadr- qui avait réactivé sa milice suite à l’assassinat par les Etats-Unis du général iranien Kassem Soleimani vendredi dernier, a estimé hier que la crise en Irak était terminée compte tenu des discours d’apaisement prononcés à la fois par l’Iran (dès mercredi matin, avec la promesse d’en rester là si les Etats-Unis ne ripostaient pas) et Donald Trump quelques heures plus tard.
Si Moqtada Sadr continue -comme Téhéran- d’exiger le départ des troupes étrangères de l’Irak, il prône lui aussi la retenue : “J’appelle les groupes armés irakiens à se montrer patients, à ne pas engager d’actions militaires, et à faire taire les voix extrémistes de certains éléments incontrôlables jusqu’à ce que tous les recours politiques, parlementaires et internationaux aient été épuisés”.
Wall Street résiste, le pétrole essuie les plâtres
Une dépêche d’agence évoquant une alerte aux roquettes tombées près de l’ambassade américaine à Bagdad, invalidée peu après, a constitué la seule fausse note du jour. Elle a cependant privé Wall Street d’un carton plein de records de clôture, la dernière demi-heure de cotations s’étant soldée par la disparition d’un tiers des gains de la mi-séance.
Deux records absolus ont cependant été battus en intraday par le S&P500 et le Nasdaq à 3 267 et 9 168 respectivement, et les optimistes retiendront que le Nasdaq a bel et bien battu un record de clôture à 9 129 (le S&P500 établissant sa seconde meilleure clôture de l’histoire à 3 253 contre 3 258 points le 2 janvier).
Le Dow Jones a bien failli égaler son record des 28 872 points du 27 décembre : il a culminé à 28 866, son élan haussier étant coupé par les rumeurs susmentionnées en provenance d’Irak.
En ce qui concerne le “VIX“, remonté brièvement vers 14,4, il a terminé au contact des 14 points.Mais c’est surtout la trajectoire du pétrole qui donne un peu le vertige : parti de plus de 65$ vers 1h du matin le 8 janvier, il terminait la journée par une incursion sous les 60$ vers 22h, à la clôture des marchés américains.
Enfin, l’or qui s’était brièvement installé au-dessus des 1 600$ (avec un zénith inscrit vers 1 610$) reperdait plus de 50$, vers 1 557, invalidant le signal haussier de vendredi dernier.
Techniquement, qu’il s’agisse de l’or comme du pétrole, les “suiveurs de tendance” ont toutes les raisons de craindre de s’être fait piéger par un “bull trap”.