La controverse gronde sur les exportations du pétrole iranien. Selon les termes des nouvelles sanctions américaines, il devrait être interdit à l’Iran d’exporter du pétrole. Cependant, les États-Unis n’interdisent pas directement les exportations de pétrole de l’Iran, mais les sanctions visent les clients qui achètent du pétrole iranien. Malgré les risques, certains acheteurs sont toujours disposés à acheter du pétrole iranien, qu'ils peuvent acheter à rabais.
Le Golfe Persique est l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, ce qui rend difficile le suivi des navires transportant du pétrole iranien. L’Iran sait aussi très bien cacher ses exportations de pétrole brut. Les navires éteignent presque toujours les transpondeurs AIS (dispositifs de repérage par satellite) ou envoient de fausses informations sur leurs destinations ou leur cargaison. L'Iran rend également difficile la remontée du pétrole jusqu'à son origine en masquant les exportations à l'aide de transferts de pétrole d'un navire à l'autre.
La question centrale pour les traders de pétrole est de savoir si les exportations clandestines de pétrole iranien sont suffisamment conséquentes pour avoir une incidence sur le marché et les prix du pétrole. Pour répondre à cette question, nous avons besoin d’une image précise de la quantité de pétrole exportée.
Les exportations iraniennes de Pétrole en quelques chiffres
Selon Reuters, l'Iran n'a exporté que 100 000 barils par jour en juillet. C'est un nombre très bas. Cela représente une baisse d’au moins 200 000 barils par jour par rapport à juin, lorsque Reuters a estimé que les exportations iraniennes se situeraient entre 300 000 et 500 000 barils par jour. Si elles sont correctes, ces informations pourraient indiquer que les activités récentes de l’Iran dans le Golfe - abattre un drone américain et réquisitionner un navire battant pavillon britannique - ont en fait un effet néfaste sur la capacité du pays à vendre son pétrole. Pour les traders, cela signifierait que l'offre de pétrole iranien s'est contractée de manière notable. À titre de comparaison, l'Iran a exporté 1,1 million de barils par jour en mars 2019. Une contraction de 1 million de barils de pétrole en trois mois environ serait un signe significatif, et sur un marché non obsédé par la faiblesse de la demande, ferait monter les prix.
Cependant, Reuters n’est pas l’autorité finale sur les exportations de pétrole iranien et à ce sujet, ses données ne semblent pas être les plus précises. D'autres organisations, notamment Kpler et TankerTrackers.com, proposent différentes images du pétrole iranien qui montrent qu'une plus grande partie du pétrole du pays est en train d'arriver sur le marché.
Les chiffres de Kpler révèlent que les exportations iraniennes sont en baisse, mais pas autant que les chiffres de Reuters. Elle a enregistré 417 000 barils par jour de pétrole exportés en juillet et 532 000 barils par jour en juin. Ce type de baisse n’est pas significative sur le marché.
Selon TankerTrackers, les exportations de pétrole iranien sont en augmentation et non en baisse. Leurs données montrent que l’Iran a exporté environ 575 000 barils par jour en juin et 759 000 barils par jour au cours des 21 premiers jours de juillet. Les chiffres de TankerTrackers sont toujours plus élevés pour les exportations de pétrole iranien, en partie parce qu'ils utilisent des images satellitaires visuelles ainsi que des informations AIS pour identifier les exportations de pétrole. TankerTrackers évaluent les exportations iraniennes à 1,9 million de barils par jour en mars. La baisse des exportations entre mars et juillet est donc plus remarquable (1,14 million de barils par jour) que celle annoncée par Reuters.
Le véritable impact de l'offre de Pétrole iranien
Sur le marché pétrolier d’aujourd’hui, régi par les prévisions de la demande, les indicateurs macroéconomiques, la production de pétrole brut américain et le marché boursier américain, l’approvisionnement en pétrole iranien n’a pas été un élément déterminant des prix. Toutefois, le climat du marché pétrolier peut rapidement évoluer et il ne serait pas étonnant que l'offre mondiale de pétrole redevienne le principal facteur déterminant des prix. Dans ce cas, les traders devront savoir exactement quelle quantité de pétrole l’Iran met sur le marché et en particulier si les exportations de pétrole iranien augmentent ou diminuent.