Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
J’évoquais dans ma vidéo de vendredi trois principaux périls pour la hausse des marchés. En N°1, la prise de conscience — quel que soit le candidat qualifié au second tour, et même si le favori des marchés et des bookmakers a de bonnes chances de devenir Président — qu’une majorité gouvernementale alliant la carpe et le lapin sera difficile à constituer et plus encore à pérenniser. En N°2, le risque de déception concernant la réforme fiscale de Donald Trump, une sorte de « deus ex machina » financier sur lequel Wall Street a littéralement fait tapis depuis le 10 novembre. Les chances de « bonne surprise » sont quasi nulles et les risques de déception sont immenses tant les attentes sont surjouées par les marchés. En N°3, j’évoquais le risque lié au surendettement chinois associé à un montant de mauvaises dettes stratosphérique (la situation japonaise de 1990 mais à la puissance 10). Voilà un sujet que les marchés ont largement perdu de vue… Mais voilà que quelques heures à peine après l’enregistrement de la vidéo, une dépêche Reuters relate les inquiétudes de l’ex-ministre de l’économie, Lou Jiwei, à l’occasion d’un forum se tenant à Pékin.
Lou Jiwei rappelle que le dette chinoise totale (publique + privé) dépasse désormais 250% du PIB alors qu’elle était de 150% en 2008. L’endettement des ménages chinois a bondi de quasiment 0 au tournant du 21ème siècle pour tutoyer 50% du PIB. Il rappelle que les banqueroutes de collectivités locales se multiplient et que beaucoup croulent sous de mauvaises créances: trop c’est trop ! Le gouvernement central a donc cessé de voler systématiquement au secours des canards boiteux. Ce qu’il oublie de préciser, c’est que de nombreux créanciers appartiennent à la « nomenklatura » et qu’ils ont été encouragés à procurer des capitaux à des emprunteurs à l’agonie du fait du rendement très élevé qu’ils percevaient… sans courir de grands risques puisque Pékin faisait presque systématiquement un chèque pour régler le problème sans faire de vague. Si le couple rendement/risque fonctionne de nouveau normalement en Chine, de nombreux créanciers pourraient être tentés de se débarrasser à tout prix de dettes menacées de valoir zéro… Et beaucoup de banques (et d’entités para-financières pratiquant le shadow banking) adopteront la même attitude et liquideront massivement les positions les plus scabreuses.
Cela promet d’être sportif !